Lettre à Valérie Pécresse qui a “oublié” les paysans [par Jean-Paul Pelras]

Madame,
vous venez donc de dévoiler la liste de vos conseillers de campagne, de toute évidence plus électorale que champêtre, puisque, dans cet organigramme, nous ne trouvons pas grand monde pour se soucier de la ruralité et encore moins de l’agriculture. Comme si les gens des champs, avec seulement 380 000 votants potentiels et 0,8 % des suffrages contre plus de 2 millions en 1965 et environ 15 % de l’électorat, étaient devenu un pis-aller, une quantité négligeable, au mieux une variable d’ajustement.

Voici donc la liste de ceux que vous avez désignés pour tenter de remporter la bataille face à celui qui a décidé “d’emmerder” une partie des Français : Éric Ciotti (Autorité), Michel Barnier (Europe – Monde), Xavier Bertrand (Territoires et travail), Philippe Juvin (Santé), Hervé Morin (Entreprise et innovation), Bruno Retailleau (100 premiers jours) Damien Abad (Éducation, famille, jeunesse), Brice Hortefeux (Institutions), Jean-François Copé (Politique de la ville) François-Xavier Bellamy (Relations avec le Parlement européen), Gérard Larcher (président d’honneur du comité de soutien), Laurent Wauquiez, (président du comité de soutien des élus), Alexandra Dublanche (coordinatrice des comités de soutien)… Et enfin, Yann Wehrling et Jean Rottner, deux copains sinon rien pour s’occuper de l’écologie. Les environnementalistes étant, de toute évidence, plus considérés que les paysans dans cet inventaire qui nous renseigne quelque peu sur ceux qui pourraient composer votre éventuel gouvernement.
Ces paysans qui garantissent, du moins jusqu’à présent, l’autosuffisance alimentaire de 67 millions de Français, emploient 1,5 millions de salariés et génèrent 75 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Native de Neuilly et présidente du Conseil régional d’Île de France, il est vrai que, depuis Lutèce, vous n’avez peut-être pas pris la mesure de ces renseignements, tout comme vous n’êtes peut-être pas suffisamment rompue au quotidien champêtre d’une profession de plus en plus préoccupée par le dogme verdoyant qui leur est imposé. Votre prestigieux curriculum vitae, du Conseil d’État à l’Institut d’études politiques, en passant par le ministère du Budget et celui de l’Enseignement supérieur, ne vous a guère laissé le temps de chausser, non pas les sabots désuets choisis par Zemmour pour habiller le paysan, mais ces bottes de sept lieues qui ont permis au monde agricole d’affirmer, malgré la menace de nombreux accords bilatéraux, sa compétitivité sur la scène internationale.

Un oubli qui aura “peut-être” attiré l’attention des syndicalistes paysans au premier rang desquels les Jeunes Agriculteurs dont le responsable du parti que vous représentez, Christian Jacob, fut président de 1992 à 1994 avant de céder sa place à Christiane Lambert, actuelle présidente de la FNSEA et du COPA. Deux noms qui pourraient le cas échéant revenir en boucle dans les pronostics ministériels. Nous en reparlerons… Et si les intéressés trouvent ma prédiction déplacée ou inappropriée, ils ont mon téléphone et, à n’en point douter, sauront me le signifier. Dans l’attente, madame la candidate à l’élection présidentielle, si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le monde paysan et sur notre ruralité, je vous conseille de vous abonner au journal L’Agri, le journal qui le dit tous les jeudis, sereinement et en toute liberté.

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