Lettre à propos de quelques lectures et autres absolutions [par Jean-Paul Pelras]

Dans le grand margouillis que nous préparent écologistes, wokistes et autres doctrinaires moulés à la louche d’une époque où ceux qui croient savoir ce qui est bien pour nous ne savent pas toujours ce qui est bien pour eux, où ceux qui croient être arrivés ne sont, en définitive, jamais partis, j’apprends qu’un livre intitulé “Oublier Camus” a été rédigé par Olivier Gloag, enseignant à l’Université de Caroline du Nord. Ou comment déboulonner avec la “cancel culture” (celle de la dénonciation et de l’annulation) l’un de nos plus grands auteurs français, de surcroît Prix Nobel de Littérature.

L’auteur de “La peste” et de “L’étranger” serait donc subitement devenu écrivain non grata, condamné au pilon car son œuvre exhalerait des relents colonialistes, racistes et machistes… Le genre de terrain glissant où même Sartre n’a jamais osé s’aventurer franchement, si ce n’est en essayant de dominer l’espace intellectuel lutécien tout en dénigrant l’œuvre de Camus qui venait le concurrencer sur ses arpents philosophiques. Ou comment l’écrivain qui croyait résister depuis Saint Germain des Près insufflait déjà ses leçons de repentance au résistant qui savait écrire sans trembler.

Et voilà qu’en faisant “la plouf” dans cette actualité dominicale de plus en plus déconcertante, je tombe sur la diffusion d’une intervention datant du 25 septembre. Madame Jeanne Barseghian, maire EELV de Strasbourg, déclare consécutivement aux émeutes survenues cet été : “L’angoisse ou ce qu’on appelle l’éco-anxiété qui est vécue par la jeunesse s’exprime par des mots et parfois autrement (…) en désarroi face à ce qui lui semble être un avenir bouché.”
Nous voici prévenus, il va falloir désormais composer avec l’éco-émeute urbaine à Strasbourg, Paris, Lyon, Marseille, Montpellier… Et l’éco-saccage champêtre à Caussade ou à Sainte Soline, quand ce n’est pas à Nantes chez un maraicher ou chez quelques éleveurs récemment agressés.

Un pardon à géométrie variable qui nous invite à comprendre, voire à absoudre les casseurs. Et, le cas échéant, comme le fit Sandrine Rousseau, à condamner ceux qui veulent les empêcher d’agir. Rappelons que, fin septembre, la députée “éco-Nupes” (payée par le contribuable français) qualifiait “d’inadmissible” la réaction d’un policier ayant braqué son arme de service sur des assaillants armés de projectiles et de barres de fer, occupés à caillasser son véhicule.

Autre publication, celle de Jean-Luc Mélenchon, intitulée “Faites mieux. Vers la révolution citoyenne” dont la promotion fut assurée, du 20 heures sur TF1 à une tribune dans Le Parisien, par de nombreux médias. Y compris par ceux du Service public, dont France inter où le “Lider maximo” hexagonal fut invité par Léa Salamé le 28 septembre dernier afin d’évoquer le nouveau petit livre rouge de celui qui prône un “réformisme radical”.

“De nombreuses générations ont cru que leur mission était de refaire le monde. La nôtre devrait se donner pour mission d’éviter qu’il ne se défasse.” La citation date de 1957. Nous la devons à Albert Camus. Depuis, nous aurions peut-être dû nous demander : Que sont nos lectures devenues ? 

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