Lettre à Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre mandarin [par Jean-Paul Pelras]

Monsieur,
vous avez récemment émis le souhait d’autoriser le président de la République, élu pour cinq ans au suffrage universel direct, à exercer plus de deux mandats consécutifs. Ce qui nécessiterait de facto une modification de l’article 6 de la constitution.
À l’occasion du 70e anniversaire de la “République” de Chine, vous avez reçu, en 2019, des mains de Xi Jinping, la médaille de l’Amitié. Distinction suprême décernée par ce pays aux étrangers, parmi lesquels Vladimir Poutine, récipiendaire du dit volumineux et clinquant hochet l’année précédente. À trop fréquenter ceux qui s’autoproclament dignitaires à vie, vous vous êtes peut-être un peu précipitamment inspiré de certaines pratiques qui font le lit du totalitarisme rampant. Ébloui par les bienfaits de l’administration communiste, vous déclariez dans un livre (uniquement publié dans ce pays…) intitulé “Ce que la Chine nous a appris” : “les dirigeants chinois sont tous d’une grande qualité”. Avant de rajouter quelques années plus tard dans une tribune accordée au Quotidien du peuple : “J’ai été impressionné par les mesures fortes et efficaces et les capacités d’organisation et mobilisation du gouvernement chinois démontrées lors de la lutte contre le coronavirus, et qui représentent vraiment les atouts du système chinois !” Des “atouts”, vous en conviendrez, quelque peu malmenés par les manifestations ayant récemment conduit le régime à assouplir sa politique zéro covid préjudiciable aux libertés individuelles et collectives, mais également à l’économie de ce pays.

Allons, Monsieur l’ancien Premier ministre poitevin devenu mandarin, mais aussi soutien inconditionnel d’Emmanuel Macron qui, lors du quinquennat précédent, à été, selon vous, à la hauteur de sa fonction, que vous tombiez en pamoison devant les grands de ce monde peut ne pas surprendre, mais que vous suggériez d’imiter leurs méthodes relève de l’absurde, pour ne pas dire du burlesque.
Trois mandats et pourquoi pas davantage, soit à minima 15 ans passés au Château à dégainer des 49-3 en rafale, à mépriser des parlementaires désignés par le peuple pour faire de la figuration, là où le pouvoir en place jugule toute forme d’opposition.
Vous déclariez, à propos de la réforme des retraites, en mai dernier au micro d’Europe 1 : “Je reste optimiste et je pense qu’il faudra la faire dans la première partie du quinquennat. (…) Une réforme des retraites se négocie avec les partenaires sociaux et Élisabeth Borne a cette expérience sociale, cette aptitude. C’est l’un des atouts de sa nomination”.
Bingo, encore un “atout” car, de toute évidence, c’est effectivement la dame de la situation. D’ici quelques semaines, la loi sera imposée à toutes celles et ceux qui n’auront plus (contrairement à vous, heureux retraité pensionné aux frais du peuple français) qu’à continuer à bosser ! Circulez, y’a rien à voir. Un peu comme en Chine finalement ! Un peu comme avec ces peuples qui assistent, dévoués et contraints, aux couronnements des guides suprêmes, ou à des “quinquennats de dix ans”.
Je lis çà et là que, ressorti des cartons, vous êtes, concernant cette bien surprenante déclaration, en service commandé. Encore des complotistes qui voient le mal partout En attendant, bien sûr, les préconisations officielles estampillées McKinsey !

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