Lettre à Hugo Clément, journaliste, qui devrait s’installer comme agriculteur pour lutter contre les rats taupiers ! (Par Jean-Paul Pelras)

Monsieur,

depuis ces Pyrénées et cet Aubrac lointain où je gîte alternativement, j’observe vos gesticulations médiatiques, j’écoute vos interventions radiophoniques. Enregistrées la plupart du temps dans des studios lutéciens, elles « renseignent » des millions d’auditeurs sur le modus vivendi de nos campagnes et sur celui de nos agriculteurs. A l’inverse, vous l’aurez certainement remarqué, les paysans s’expriment assez rarement sur le quotidien des journalistes parisiens. Peut-être, car ils ont appris à ne pas s’occuper des affaires des autres, ou, tout simplement, car ils sont bien éduqués.

Vous intervenez dans « Sur le front » diffusé par France 5, nous vous avons vu aux côtés de Léa Salamé, de Marion Cotillard et, entre autres grands écologistes, de Nagui et Yannick Noah sur France 2 dans « Aux arbres citoyens ». Toujours sur le service public financé par nos impôts, vous officiez régulièrement dans l’émission « En toute subjectivité » diffusée sur France Inter. Des chroniques bien évidemment non orientées dont voici un florilège : « Oui les néonicotinoïdes tuent les abeilles », « Les lapins bourrés aux antibiotiques », « Quand les méga-bassines entretiennent l’élevage intensif », « Alerte environnementale sur le vin », « La réalité de l’élevage français » où vous atteignez, pour cette occurrence, des sommets dans la stigmatisation de la filière …  Sans oublier le tout récent « Le renard allié des agriculteurs face aux campagnols » Sur ce coup-là, cher confrère, j’avoue que vous vous êtes surpassé quand, après avoir diagnostiqué les ravages causés par la bestiole, vous énumérez les facteurs qui pourraient expliquer sa multiplication.

Allez, on y va, sans perdre de vue qu’à ce moment précis environ 4.4 millions d’auditeurs étaient susceptibles d’entendre votre message. Vous désignez donc : « Le changement climatique, avec des périodes de gel moins longues, ou encore la perte de diversité du paysage, avec la disparition des haies et le développement de vastes prairies, favorables aux rongeurs. Mais il y a aussi le manque de prédateurs. Eh oui, car ces campagnols sont des proies de choix pour de nombreux animaux, notamment les renards. Un seul d’entre eux peut consommer plusieurs milliers de rongeurs chaque année. (…) Et que fait-on des renards ? Eh bien, on les chasse, massivement. (…) Imaginez le nombre de campagnols qui échappent à la mort grâce aux chasseurs ! »

C’est à se demander pourquoi les agriculteurs ne vous ont pas consulté plus tôt. Comme ils auraient peut-être mieux fait de ne pas contredire ceux qui militent pour la réintroduction du loup dans nos campagnes alors que le canidé est en train de coloniser l’ensemble du territoire où il ne se passe plus un jour sans qu’un troupeau soit attaqué.

Mais revenons à nos campagnols terrestres contre lesquels le monde agricole pouvait utiliser du bromadiolone, substance interdite depuis 2020 consécutivement à la pression exercée par les écologistes. Une anticipation franco française supplémentaire qui intervient 2 ans avant celle prévue par la commission européenne. Et un moyen de lutte qui, plus que le renard certainement, permettait de juguler ladite invasion. Mais allez donc savoir pourquoi, cher confrère journaliste, vous avez omis de l’évoquer à l’antenne ?

De toute évidence hautement qualifié pour gérer le quotidien des paysans, vous devriez troquer votre profession de conseiller reporter contre celle d’agriculteur. Et attendre que le renard vienne traquer le rat taupier.

Pour procéder, vous devrez favoriser l’implantation du carnivore et expliquer à votre voisinage qu’il peut aussi transmettre l’échinococcose alvéolaire à l’homme avec ses déjections via les baies sauvages ou, tout simplement, les légumes du potager. Une affection qui peut, après une longue période d’incubation attaquer le foie et le détruire petit à petit. Environ 35 cas par an sont répertoriés en France, avec une augmentation régulière des infections constatées depuis les années 1980 et la recrudescence des populations de renard consécutive à l’éradication de la rage sylvatique. Le flux parasitaire d’échinococcose étant véhiculé en amont par les campagnols chassés eux-mêmes par les renards qui peuvent transmettre le parasite à l’homme et, entre autres, aux animaux domestiques.

Faut-il, à ce titre, laisser se développer les populations de goupil au risque de ne pouvoir juguler de nouvelles contraintes sanitaires sans pour autant régler la question de la prolifération des rats taupiers ?

En attendant, les agriculteurs et tous ceux qui, professionnels ou particuliers, essayent de sauvegarder leurs productions perdent chaque jour un peu plus de temps, de patience et d’argent. Des conséquences auxquelles, monsieur Hugo Clément, vous êtes certainement très peu confronté, depuis vos sentencieux studios d’enregistrement !

Jean-Paul Pelras

5 réflexions sur “Lettre à Hugo Clément, journaliste, qui devrait s’installer comme agriculteur pour lutter contre les rats taupiers ! (Par Jean-Paul Pelras)

  • 23 février 2023 à 23 h 00 min
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    Je n’ai rien d’une agricultrice mais je suis entièrement d’accord pour dire que certains journalistes devaient faire des stages dans les fermes, les entreprises agricoles avant de faire des palabres dans des émissions de télé ou des articles dans les journaux. Mes arrières parents étaient paysans si on continue comme ça et à la vitesse où ça va l’agriculture Française sera moribonde et l’importation elle sera de plus en plus importante. Il est beau le slogan acheter français, ce n’est pas en dénigrant nos terres agricoles, le éleveurs, les cultivateurs, le monde paysan qu’on pourra encore le faire et qu’on pourra manger des produits frais, locaux et bons.
    Alors journalistes, hommes politiques remontez vos manches et allez les aider, quand on ne connaît rien on se tait.

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  • 24 février 2023 à 11 h 51 min
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    Hugo clément est un méle tout.
    Mais je ne vois pas en quoi quelqu’un se permet de parler au nom des agriculteurs, oui la faune sauvage dont le renard régule le rat taupier. Et non le renard n’est pas une menace pour la survie de l’humanité … Que l’auteur quitte l’aubrac et aille vivre au pré d’Hugo clément à lutéce les renards y sont moins nombreux.
    Interéssez vous à des approches plus holisitique du monde que curative.

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    • 1 mars 2023 à 14 h 45 min
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      Bonjour.
      Rare commentaire qui fait appel au bon sens. Merci pour la nature qui contrairement à ce que l’on voudrait nous faire accepter n’appartient pas aux agriculteurs, et ne peut être que le terrain de jeu des chasseurs.

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      • 2 mars 2023 à 13 h 17 min
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        Bonjour, c’est vite oublié que sans le travail des agriculteurs, des chasseurs ou des acteurs actifs de nos campagnes, la campagne ne serait pas aussi belle. Vous prenez la campagne pour votre jardin du dimanche ! Vous oubliez également que cela reste un outil de travail qui doit, bien entendu, être préservée, mais qui appartient à des privés. Quoi penser de tous vos jardins gravillonnés ou de vos coures de maison bitumée ?

  • 24 février 2023 à 13 h 31 min
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    Bien dit vous avez bien analyser les grandes compétences de se journaliste Qui devrait changer de discours il est vrai que si tu veux gagner de l’argent il faut accuser la chasse

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