Lettre à Carole Delga [par Jean-Paul Pelras]

Madame la Présidente,
favorable au projet d’autoroute A 69 entre Castres et Toulouse, vous éprouvez donc quelques difficultés à convaincre les écologistes, y compris ceux qui siègent à vos côtés. La vice-présidente de la Région en charge de l’écologie s’affichait d’ailleurs encore tout récemment, clairement et fièrement, aux côtés de Thomas Brail, défenseur des arbres et gréviste de la faim. Avec ce différend au sein même d’une gauche qui semble avoir totalement perdu ses quatre points cardinaux, vous mesurez la limite des accommodements raisonnables. Et vous “découvrez” qui sont les nouveaux alliés de ceux qui siègent à vos côtés, en l’occurrence des activistes et quelques probables futurs zadistes plus ou moins patentés. L’écheveau socio-environnementaliste qui concerne l’A 69 sera certainement très difficile à démêler politiquement.

Plus difficile encore sera votre position concernant le soutien de la Région envers certaines associations écologistes, dont une est parvenue juridiquement, au printemps dernier, à faire annuler un décret préfectoral. Et ce, afin que soient à nouveau appliqués des débits réservés en rivière au détriment des productions agricoles notamment. Jean-Louis Cazaubon, vice-président de la Région en charge de la Souveraineté alimentaire, de la Viticulture et de la Montagne, présent en avril dernier lors de la réunion publique organisée par notre journal, a du vous restituer l’ambiance de cette rencontre à laquelle assistaient plusieurs centaines d’agriculteurs. Mais aussi, le ressentiment éprouvé à l’égard de ceux qui passent leur temps à empêcher les autres de travailler…

L’exemple de l’A 69 dans le Tarn et celui des débits réservés dans les P.-O. sont des épiphénomènes, Madame Delga, qui en appellent d’autres encore plus déterminants. Lesquels, justement, vont obliger les politiques à se déterminer clairement. Sans entrer dans le débat géopoliticien qui concerne l’actualité dramatique du moment, pourrez-vous encore longtemps siéger aux côtés de ceux qui ne partagent plus vos idées, vos convictions, vos priorités ? Le saccage de notre économie par ceux qui assument la promotion de “la paresse” et campent en apostille de l’oisiveté subventionnée peut-il être cautionné par la responsable d’une collectivité territoriale ? Peut-on, d’un côté, encourager, promouvoir et soutenir les activités économiques, tout en laissant, de l’autre, discréditer la quasi-totalité de nos secteurs professionnels ? Car plus aucune initiative n’est envisageable sans que le dogme écologiste ne vienne mettre le pied dans la porte ou fourrer son nez dans les dossiers afin que les projets soient contestés, annulés, reportés sine die.

J’écrivais dans Le Point et ici même voici quelques semaines “Il est plus facile de « Soulever la terre » que de savoir la travailler”. Espérons, Madame la Présidente, que, si pour certains les termes “compétitivité” et “productivité” sont devenus indicibles dans notre société, vous saurez privilégier le respect au mépris, les valeurs à l’incurie.
Bien respectueusement

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