Les lampes de Christian Planes ou la polyvalence de l’objet [par Jean-Paul Pelras]

À Villeneuve la Rivière, en Ribéral, rencontre avec un villageois qui fait sourdre la vie de la banalité des choses.

Christian, c’est le fils du menuisier, Jean, parti pour trop longtemps, voici quelques années, de l’autre côté du chronomètre. Dans le bureau où je suis en train de rédiger cet article, se trouve en face de moi la petite bibliothèque que cet artisan villeneuvois avait fabriquée dans les années 60. Alors, bien sûr, quand j’ai su que son fils avait, pour ainsi dire, pris le relais, non pas pour fabriquer des portes, des fenêtres, des meubles ou même des cercueils, mais pour “créer” des lampes, je l’ai appelé pour savoir d’où lui venait cette passion. “Je fabriquais déjà, voilà une vingtaine d’années, des objets avec des matériaux retrouvés dans l’atelier de mon père qui, comme tu le sais, était à la fois menuisier, plombier et électricien. Un clocher, un cheval de bois, un extraterrestre, un corsaire… Et tant d’autres choses inspirées par l’émotion du moment, le souvenir, l’interprétation. Le temps a passé et je me suis mis à fabriquer des lampes toujours en dénichant des objets, parfois dérisoires, du quotidien avec des matériaux utilisés dans l’artisanat”.
De cette passion est née l’abondance qui suscite bien souvent le manque de place et l’idée de passer à l’étape suivante, autrement dit à l’exposition. Christian rencontre alors le photographe stéphanois Hervé Louvet avec qui il réalise un “book” où ses œuvres sont mises en valeur.

Remettre en valeur ce qui passe inaperçu

Ensuite, tout va très vite. Des rendez-vous sont pris à Saint Estève au Mas Carbasse et au Domaine de Rombeau. Mais la crise sanitaire viendra compromettre l’agenda. À une exception près puisque l’artiste, soutenu par une autre Villeneuvoise, Albe Chassagnac, peut exposer à Terrats sur le site des Vignobles du Constance et du Terrassous. D’autres dates sont envisagées pour la fin de l’année entre autres à Trouillas au Clos Cerianne. Une relation avec le monde viticole qui ne doit rien au hasard puisque, celui qui grandit au milieu des vignes en Riberal et travailla pendant des années dans le domaine de la thermovinification, connaît le secteur et voue une véritable passion aux métiers de l’agriculture. En témoigne ce “Papillon de l’aramon” et toutes ces œuvres façonnées dans du bois d’abricotier qui empruntent aux gestes et aux traditions champêtres. Laiton, cuivre, bois… des matériaux couramment utilisés par Christian Planes pour “remettre en valeur ce qui passe inaperçu” tel ce siphon d’évier, retrouvé dans l’atelier familial, ou cette poire électrique à poussoir qui nous rappelle la chambre de la grand-mère, le crucifix, l’armoire aux draps bien repassés, la branche de laurier béni, le portrait du grand père posé sur le napperon de la table de nuit… Pas grand-chose finalement, mais suffisamment pour que nos mémoires s’éclairent, quelque part du côté de l’enfance ou dans le “grand atelier” de nos vies.

Contact : chris.3010@hotmail.fr – 06 04 67 30 14

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