Indemnité inflation : n’oublions pas que c’est l’employeur qui a dû faire l’avance ! [par Thierry Masdéu]

Beaucoup de salariés l’ignorent certainement, mais c’est l’entreprise qui a versé les 100 euros correspondant à ce soutien ponctuel remboursé par l’État, (donc par le contribuable) ultérieurement aux employeurs.

Pour faire face à la hausse des prix de l’énergie et plus particulièrement à celle du carburant, le Premier ministre Jean Castex annonçait le 21 octobre dernier au JT de 20 h 00 de TF1, la mise en place, dès le mois de décembre, d’une aide ponctuelle de 100 € pour les personnes ayant un revenu inférieur à 2 000 € nets par mois. Après avoir évoqué le “Bouclier tarifaire”, mesure de l’État prise fin septembre pour bloquer les prix du gaz, probablement sur toute l’année 2022, et limiter la hausse de l’électricité à 4 % pour ce mois de janvier, le Premier ministre exposait par un calcul savant le pourquoi du résultat de ces 100 €. “Je regarde sur l’année + 9 cts par litre à la pompe… Nous faisons 14 000 kms par an en moyenne… Cela fait une hausse sur l’année, un supplément de 80 € sur notre facture d’essence à devoir payer !” À en croire ce résultat, le concitoyen aurait donc en plus un bénéfice de 20 €… Un choix de l’exécutif qui, toujours selon ses propos, est “une décision qui se veut la plus juste, la plus efficace, surtout par la forme, face à cette situation…” plutôt que de réduire la fiscalité sur le carburant qui pèse 57,1 % dans le prix d’un litre de SP 95 à la pompe et de 49,1 % pour celui du gazole. Ainsi, près de 38 millions de Français, pour un budget de 3,8 milliards €, sont éligibles à cette “Indemnité inflation” de 100 €, dont le versement a été rendu obligatoire dès le mois de décembre.

“Une fois de plus, on refile le bébé aux entreprises”

Au-delà du bien-fondé ou pas de cette mesure, sa mise en place a aussi mis en exergue des indiscrétions sur les montants de certains salaires créant, au sein des entreprises, confusions et animosités dans les relations sociales. Si la plupart des salariés du secteur privé ont déjà perçu cette somme sur leur dernier bulletin de paye, nombreux ignorent que cette mise en place a à nouveau mis à contribution les entreprises qui ont dû faire l’avance pour l’État. Une mécanique que dénonce, sur le fond et sur la forme, Robert Massuet, président de l’UPA66. “Une fois de plus, on refile le bébé aux entreprises, comme lors du prélèvement de l’impôt à la source ! Pourquoi nous incombe- t-il à nous, à faire de même avec cette « mesurette d’État » ? Car d’abord, c’est se foutre de la gueule des salariés ! J’ai fait le calcul, avec 100 € pour toute l’année, ce qui représente 8,33 € par mois, ils ne peuvent même pas se payer une baguette de pain tous les jours !” fustige avec fermeté, le président départemental de l’Union professionnelle des artisans. “Même si ces sommes nous ont été déduites des cotisations URSSAF, il faut savoir que cette « Indemnité inflation » n’a pas été gratuite pour les entreprises et a demandé un coût supplémentaire comptable pour la mise en place d’une ligne supplémentaire sur les bulletins de salaires !”

Si les frais ponctuels de cette “indemnité inflation” semblent minimes pour les entreprises, tout compte fait, avec cette aide qu’autofinancent les contribuables, il semble urgent de rappeler que les accumulations de charges administratives qu’endossent continuellement artisans et paysans ne font que réduire leur temps dédié à la productivité et de facto, à leur compétitivité sur les marchés.

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