Le roi est nu ! [par Gilles Tibié]

Il était une fois* l’histoire d’un roi qui n’a de souci que son apparence. Rien ne l’intéresse plus que de se montrer devant ses sujets dans ses nouveaux habits et, bien évidemment, il néglige toutes les affaires du royaume. Deux tisserands, en fait des escrocs, se vantent d’être capables de tisser la plus belle étoffe que l’on puisse imaginer, celle-ci possédant une étonnante propriété : “les vêtements confectionnés avec cette étoffe seraient invisibles aux yeux de ceux qui ne convenaient pas à leurs fonctions ou qui étaient simplement idiots”. Le roi décèle très vite l’avantage qu’il peut tirer d’une telle situation. Il lui sera désormais possible de découvrir lesquels de ses sujets ne conviennent pas à leurs fonctions et de départager les intelligents des imbéciles. Il commande aussitôt une grande quantité de tissu aux deux faux tisserands. Ces derniers se mettent à faire semblant de tisser… Et livrent un produit fini totalement… invisible.
Les élites et autres conseillers courtisans progressistes de l’époque, très intelligents et compétents, font un constat embarrassé : ils ne voient rien ! Avertis des propriétés du tissu, ils s’affolent : “Serions-nous donc sots, ou inaptes à nos fonctions ?” Face à cette situation délicate, ils décident de dire au Roi qu’ils n’ont rien vu ! La même aventure arrive au roi, qui n’ose pas plus que les précédents dire qu’il ne peut rien voir.

Et l’enfant a raison

Le jour de la cérémonie officielle le roi parade dans ses “habits” neufs. – “nul ne peut rien voir, et chacun fait semblant de voir, et chacun craint que l’on ne remarque qu’il ne peut rien voir, et tous de s’extasier à la vue des admirables habits neufs du roi” jusqu’à ce qu’un petit enfant dans la foule s’exclame : “Mais il n’a pas d’habit du tout”. Le roi est nu… Et le père de l’enfant de commenter – “Entendez la voix de l’innocence” ! L’exclamation de l’enfant est alors reprise en chœur par la foule, sur le passage du roi, qui convient que l’enfant et le peuple ont raison…

Il était une fois, un lundi 8 novembre : un policier a été attaqué au matin à l’arme blanche devant le commissariat de Cannes par un homme indiquant agir “au nom du prophète”. Gérald Darmanin, à l’image des tisserands du conte d’Andersen, va étaler son plus beau discours pour réaffirmer, toujours et encore, son soutien à la police ! Toujours le même refrain, usé jusqu’à la corde qui rapportera un point de plus à Zemmour qui ne va pas manquer de lui servir sur un plateau “puisque je vous le dis et que vous ne voulez pas m’écouter !”
En ce sens, Eric Zemmour n’est pas objectif… Je dois reconnaître que depuis quelques semaines les politiques ont changé de camp. On n’entend plus la langue de bois de nos ex “pas d’amalgame”, “pas de vague”, “l’immigration est une chance pour la France”, ni du “vivre-ensemble”. 
Objectivement pas besoin de Z pour cela… Pour paraphraser Marivaux “un enfant le verrait”… Non ?

*conte d’Andersen 

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