Le mot à la mode ! [par Liliane Doger-Ledieu]
Résilience. Voilà un mot qui commence à me sortir par les trous de nez. Depuis un certain temps on voit fleurir ce thème sur les réseaux sociaux, tourné de différentes manières mais de façon très répétitive. Une espèce d’hypnotisme qui voudrait vous convaincre tout doucement, petit à petit, que le lâcher-prise est la solution pour vous, pour votre bien-être et votre santé mentale. Autrement dit, ne vous occupez de rien, on s’en charge. Il faudrait donc avoir en ligne de mire l’apaisement qui, lui seul, doit nous conduire au bonheur et, pour ce faire, ne plus réagir à tout ce qui nous dérange. Nous allons apprendre peu à peu, à l’aune de ces martelages réguliers, à choisir la tranquillité en évitant les combats, en renonçant à convaincre et même à discuter car tout ceci est une énorme perte de temps et d’énergie.
Et quand nous arriverons à tendre la joue gauche lorsqu’on nous aura frappé la joue droite, nous aurons atteint la perfection. Dites, c’est qu’il en faut des moyens pour arriver à nous faire avaler ce que nous susurre le cinglé de Davos : “Vous n’aurez rien et vous serez heureux” !
Mais avant d’en arriver là, il faudrait passer sans broncher par toutes les privations, quelquefois vitales ou vous mettant gravement en danger, dues à la hausse exponentielle de tous les prix. Aujourd’hui déjà, avec le litre d’essence à 2 €, il faut travailler juste pour payer le carburant qui sert à aller travailler. Et en silence s’il vous plaît, c’est mauvais pour votre bonne forme de vous énerver. Vous pouvez, par exemple, aller au turbin en vélo ou télé-travailler c’est encore mieux, ça évite les risques de rassemblements, de discutions, d’ententes, de rébellion…
Passer l’hiver en doudoune avec 15 degrés dans la maison parce que, de toutes façons, on ne pourra pas payer l’électricité ou le gaz, avec le sourire puisqu’en même temps vous sauvez la planète. Vous pouvez aussi réfléchir gentiment à trouver par quoi remplacer la viande, les légumes et les fruits devenus inabordables, sans oublier au passage que les producteurs sont les premiers à se serrer la ceinture. À qui profitent ces prix faramineux ? Ne cherchez pas, vous allez encore vous agacer, c’est pas bon pour vous.
Les Français seront-ils jusqu’au bout, comme la grenouille chauffée tout doucement ?
Il va falloir aussi trouver un magicien parce que, malgré tout, il faudra faire des économies pour acheter un véhicule électrique d’ici 2035. Bon, là, on aura atteint le top de la résilience “pour la planète” ! Vous n’êtes pas sans savoir que ces voitures “propres” pourront servir à alimenter le réseau EDF lorsqu’il sera en tension, dixit Agnès Pannier Runacher, ministre de la Transition écologique (si si !). Et autrement, on pourra recharger les voitures électriques avec des groupes électrogènes fonctionnant au gazole. Ça s’est déjà vu, notamment lors d’un sommet de politique européenne à Lyon. La préfecture du Rhône a eu recours à des groupes électrogènes pour recharger les 50 voitures électriques des ministres. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !
J’avoue, la voiture électrique c’est mon dada. Une telle débilité, une telle hypocrisie concernant l’écologie, ça dépasse l’entendement. Cinq kilos de lithium pour une batterie de voiture, et alors qu’on nous pompe l’air au sujet de l’eau, entre 41 000 et 1,9 million de litres sont nécessaires pour extraire une tonne de lithium. Mais je m’égare…
Tout ce déploiement de moyens, dont Macron a donné le top départ avec sa tirade sur “la fin de l’abondance” pour nous faire accepter sans moufter l’inacceptable. Ceci dit, dans la série “Tous concernés, sauf moi”, les vacances estivales du couple présidentiel sont en bonne place : le Fort de Brégançon, dont l’entretien nous coûte la modique somme de 400 000 €. L’aller-retour en avion et hélicoptère dont les émissions de Co2 ne sont plus prises en considération. Les sorties hautement sécurisées de Sa Majesté en jet ski depuis le yacht mis à sa disposition qui nous reviennent chacune à 60 000 €. Sans parler des frais de bouche de monsieur, madame et leurs convives. Au moins, on sait où passent nos impôts. Mais je m’égare encore…
La France et les Français seront-ils jusqu’au bout, comme la grenouille chauffée tout doucement, progressivement, dans son bocal, jusqu’à ce qu’elle soit cuite ?