Le marché du vin se remet doucement de deux campagnes difficiles [par Yann Kerveno]
Si la vendange 2021 fait presque peine à voir dans les Pyrénées-Orientales, le marché, lui, donne des signes de reprise.
Il faut dire que la campagne précédente, 2019-2020 avait été pénible. Pour le moins. Il y avait le Brexit, les taxes Trump, puis la crise sanitaire venue bloquer le pays pendant de longues semaines. “Le premier semestre 2020 a été assez terrible avec la fermeture du marché chinois, puis du marché européen pour cause de Covid. La consommation nationale a été fort bousculée” résume Anne-Laure Pellet, directrice du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon. “La restauration a fermé, il n’y a pas eu de foires aux vins… Le recul des sorties des vins du Roussillon à cette époque-là est compris entre 30 et 40 %” poursuit-elle.
Heureusement, le deuxième semestre 2019 n’avait pas été trop mauvais et il y a eu un fort rattrapage à la sortie du confinement et en début d’été. “Sur la campagne 2019-2020, le recul des sorties n’est que de 12 % pour s’établir à 421 000 hectolitres.” Anne-Laure Pellet voit dans ces résultats, sur lequel personne n’aurait osé parier pendant la crise, une certaine résilience des vignerons du département. “Ils ont dû s’adapter, ils ont développé la livraison à domicile, le click and collect, ont appris à gérer leurs relations commerciales à distance et se sont dotés d’outils numériques pour vendre en ligne ce qui n’était pas forcément le cas avant.” Des outils qui peuvent, en plus, continuer de servir !
Sortie correctes mais attention aux prix
Et la campagne 2020-2021 achevée cet été ? C’est loin d’être Byzance mais c’est mieux que la campagne précédente avec des sorties en progrès de 4 % à 437 000 hectolitres. Et ce malgré la fermeture de la restauration à l’automne… C’est quand on se penche sur le détail que c’est moins rose. “Tous les segments ne se comportent pas de la même façon, les vins doux naturels sont stables, les IGP progressent fortement avec + 9 % et les AOP seulement de 3 %. Cela confirme une tendance plus générale, qui voit les consommateurs plébisciter les vins de cépage, qui confère une dynamique aux IGP qu’on ne retrouve pas sur les AOP” précise Anne-Laure Pellet.
Débarrassées des freins de 2020, les exportations ont bien repris pour leur part affichant + 4 % en général et jusqu’à + 24 % pour les AOP qui restent la référence cherchée par les marchés étrangers. Au cours de cette campagne, il faut noter la très bonne performance ces blancs, + 16 % en AOP et + 14 % en IGP quand les rosés AOP sont en repli de 16 %. Pour la campagne en cours, qui démarre avec des stocks en recul de 7 % “les sorties sont pour le moment correctes” révèle la directrice du CIVR, mais certaines catégories de vins voient leur prix décrocher, les côtes du Roussillon rouge ont perdu 10 € à l’hecto.