“Le dossier du stockage d’eau dans les Aspres doit avancer !”

N’importe quel agriculteur le dira, 2024 ne sera pas une partie de plaisir pour l’agriculture départementale. Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’agriculture pointe deux enjeux majeurs de ces douze prochains mois : l’eau et le solaire.

Comment percevez-vous l’année qui commence ?
L’inquiétude majeure aujourd’hui, c’est bien le sujet de l’eau, puisque nous venons de cumuler deux années de sécheresse. Et c’est une inquiétude qui transcende toutes les filières, qui menace toutes les récoltes. C’est difficile pour l’élevage, en Cerdagne où les éleveurs attendent toujours des réponses, mais aussi dans tout le reste du département, par manque de fourrage, pour les problèmes d’abreuvement des animaux. En viticulture, cette année aussi sera très difficile. À cause du marché, mais aussi l’impact des deux années de sécheresse. Y aura-t-il de l’arrachage ? Si oui, avec quel accompagnement ? Et pour les fruits et légumes, s‘il ne pleut pas, que se passe-t-il ? Depuis l’année dernière, nous avons mobilisé sur tous les sujets et cela continue le 16 janvier prochain à Toulouse.

Justement, où en sont tous les dossiers engagés au plus fort de la crise l’an passé ?
Nous continuons à travailler sur nos propositions, cela porte sur la gestion des barrages et des canaux, sur la création de stockage… Celui qui doit avancer aujourd’hui, c’est celui des Aspres, c’est un dossier engagé depuis 13 ans et nous espérons le voir aboutir rapidement. Pour le reste, nous avons ciblé quatre ou cinq autres sites sur la vingtaine qui avait été repérée. Bien sûr, le secteur prioritaire c’est la basse vallée de l’Agly mais nous travaillons aussi sur l’idée de relier l’Association syndicale agréée de la Plaine à celui de celle de Rivesaltes par une canalisation. Les autres projets concernent la vallée du Tech, c’est le dossier, porté par l’association des canaux du Tech qui est peut-être le plus avancé, mais aussi la Cerdagne et Eyne.

Où en est, justement, la mission des inspecteurs généraux de l’agriculture dépêchés par le ministère pour faire sauter les verrous les plus solides ?
Ils sont sur le terrain, à la rencontre des acteurs et des dossiers depuis le mois de novembre. Il n’y a pas encore de concret mais on ne peut plus perdre dix ans sur un projet. Il faut maintenant travailler sur des petites retenues, moins de trois hectares, avec une capacité de 60 000 mètres cubes, qui restent sous le régime des autorisations et qui soient portées individuellement ou par des groupes d’agriculteurs, quitte à y adjoindre du photovoltaïque pour limiter l’évaporation.

Le photovoltaïque ?
Oui, ce sera sans doute aussi un autre gros dossier de cette année avec la publication des décrets d’application de la nouvelle loi. C’est un vrai enjeu agricole parce que cela peut constituer un vrai complément de revenu pour les agriculteurs, mais pour cela, il faut que l’agriculteur en soit le bénéficiaire et que la production d’énergie ne prenne pas le pas sur la production agricole. D’ailleurs, la Chambre d’agriculture a créé une société dont l’objet est d’aider les agriculteurs des Pyrénées-Orientales à se positionner sur ce type de projet. Enfin, il y a une autre dimension à ne surtout pas occulter, celle des paysages…

Propos recueillis par Yann Kerveno

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