Le complotisme est-il “non essentiel” ? (Par Jean-Paul Pelras)

Complotiste, définition extraite du Larousse : “Se dit de quelqu’un qui récuse la version communément admise d’un événement et cherche à démontrer que celui-ci résulte d’un complot fomenté par une minorité active.” Communément admise par qui ? Fomenté par quelle minorité ? Tout dépend de quel côté on tient le manche. Car lorsque l’on entend la député héraultaise LREM Coralie Dubost, compagne du ministre de la Santé, dénoncer, consécutivement à la sortie du documentaire Hold Up, une “propagande complotiste”, seulement deux semaines après la perquisition diligentée à l’adresse d’Olivier Veran, nous pouvons effectivement comprendre les motivations et le ressenti de cette élue à l’égard de ceux qui ont l’audace de se poser quelques questions. Idem pour la députée européenne, également LREM, Ilina Cicurel qui dénonce sur son compte twitter l’invitation, sur Cnews et par Pascal Praud, du producteur de ce documentaire sans contradicteur.
Des contradicteurs voilà ce qu’il nous faut ! Oui, des contradicteurs au Conseil de défense qui décide et impose ses règles depuis son bunker élyséen sans que les Assemblées aient leur mot à dire. À plus forte raison quand l’article 44 ou l’indéboulonnable 49-3 viennent verrouiller toute velléité de contestation. Des contradicteurs à toutes ces consultations citoyennes organisées sur l’ensemble du territoire avec des gens tirés au sort et des experts (qui le sont peut-être un peu moins…), pour les aider à réfléchir. Le Grand débat sur l’agriculture et l’alimentation auquel les paysans n’ont pas été conviés mérite à lui seul que l’on se pose quelques questions sur ce qu’est une “contradiction”. Idem pour le Grand débat citoyen et tous ces cahiers rédigés aux quatre coins du pays qui n’ont servi qu’à amuser la galerie, à atténuer le courroux d’un mouvement stigmatisé, à botter en touche en nous faisant croire que le peuple avait la parole, alors qu’il s’agissait simplement de condescendance et de mépris.

Un épilogue qui ne saurait tarder…

Mais revenons un peu en arrière. Au mois de mars, aurait-on pu imaginer toutes les restrictions que nous venons de subir ? Aurait-on accepté tous les atermoiements et toutes les incohérences que nous avons dû gober ? De la résilience, que le pouvoir nous vend à toutes les sauces, à la résignation que nous avons concédée, il ne s’est écoulé que quelques semaines. Et nous en sommes là, à attendre l’épilogue. Un épilogue qui ne saurait tarder, les courbes redevenant rassurantes pour ne pas dire optimistes au fur et à mesure que la rue hausse le ton, que les commerçants perdent patience, que le doute s’installe dans l’esprit des citoyens, que les institutions réclament ce qui leur est dû, autrement dit leur légitime expression.
D’ici quelques jours, le président ou son Premier ministre viendront nous dire que, si le virus s’est développé subitement depuis la fin des vacances d’été, c’est parce que les Français n’ont pas été suffisamment disciplinés. Le gouvernement ayant “resserré la bride” la situation serait donc en train de s’arranger…
Ensuite ? Et bien ensuite, une fois le temps des fêtes passé, nous verrons peut-être revenir les visiteurs du soir à la télévision avec leurs chiffres, leurs baromètres et leurs admonestations, en attendant qu’advienne le vaccin ou, tout simplement, la fin de la contagion.
Quant aux complotistes, ils méritent à eux seuls un devoir de philo. Car, à bien y regarder, ce sont bien souvent les “minorités actives” qui se sont soulevées pour résister quand le pays allait tomber aux mains de l’envahisseur. Ou, finalement, comme en 1789 quand il fallut renverser une monarchie pour que le peuple puisse prétendre à sa liberté. Le genre de “complot” que nous fêtons (presque) chaque année depuis plus de deux siècles sous les lampions du 14 juillet !

6 réflexions sur “Le complotisme est-il “non essentiel” ? (Par Jean-Paul Pelras)

  • 17 novembre 2020 à 16 h 53 min
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    Curieux, mon Larousse ne donne pas la même définition du complotisme….
    Complotisme: manière d’interpréter tendancieusement les événements, propre aux complotistes et adeptes de la “théorie du complot”.
    Tendancieusement…
    Tendancieux : qui n’est pas objectif, qui manifeste une tendance idéologique, des idées qui déforment : exemples: un article tendancieux. Un critique tendancieux.
    On y est.

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  • 23 novembre 2020 à 11 h 51 min
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    Cinq ans après le mot “conspirationniste”, “complotiste” fait son entrée dans l’édition 2017 du Petit Larousse qui en donne cette définition :

    « se dit de quelqu’un qui récuse la version communément admise d’un événement et cherche à démontrer que celui-ci résulte d’un complot fomenté par une minorité active ».

    https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/complotiste/188079?q=complotiste#11058379

    La vérité est toujours plus complexe qu’elle n’y parait, Mr Marlet.

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  • 24 novembre 2020 à 21 h 08 min
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    Merci pour cet article qui fait un bien fou.
    Oui, ce sont bien les minorités qui n’adhéraient pas à la pensée unique qui ont bien souvent sauver la France… Car tout est là. S’il y avait eu depuis le début les débats, auxquels on pourrait s’attendre en démocratie, hold up n’aurait pas lieu d’être, car nous aurions déjà entendu ces scientifiques dans les médias habituels, et nous aurions pu nous faire une idée nous mêmes de la réalité…
    Merci encore…

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