Ukraine : ou on cause ou on se bat, la troisième solution n’existe pas ! (Par Jean-Paul Pelras)

L’information, c’est ce que l’on nous montre, la propagande, ce que l’on veut nous montrer, l’opinion ce que l’on en fait. Depuis le début du conflit ukrainien, nous observons à distance et par médias interposés les bombardements, l’exode, les pourparlers, les analyses, les témoignages, les prises de positions, dans une avalanche d’images terrifiantes, émouvantes, insoutenables, inacceptables.

La colère, la peur, la compassion, tournent en boucle sur les écrans et dans nos esprits, nous ne pouvons nous dépêtrer de ces images, de ce qu’elles représentent et, peut-être, de ce qu’elles augurent. Arrivent ensuite les conversations et les commentaires, les sous-entendus politiciens, les orientations à deux balles et les raccourcis moralisateurs. Quand, parfois, celui qui ose poser quelques questions sur les origines du conflit ou sur le curriculum vitae des protagonistes passe, in petto, pour un fan du dictateur. Comme nous l’avons constaté avec les opposants aux mesures sanitaires subitement disparues des radars en moins d’une semaine, nous constatons, avec la guerre en Ukraine, un calibrage des consciences qui, à nouveau, jugule les pensées et interdit de douter.

Oui de douter, non pas des intentions de Poutine car elles sont indiscutablement belliqueuses et cataclysmiques, mais des informations qui nous parviennent de part et d’autre et qui méritent un certain discernement. Discernement ! Ce mot qui vous fait peut-être bondir, mais qui veut pourtant dire “capacité de l’esprit à juger clairement et sainement les choses”.

Il faut arrêter de tourner autour du pot

Dans le cas contraire, effectivement et au regard du contexte tel qu’il nous est présenté, il ne faut plus se poser de questions et, osons les mots, il faut y aller. Oui, il faut se jeter dans la bataille. Mais attention, pas au sens figuré, et bien en envoyant des troupes, en mobilisant les peuples, en armant les pères et leurs enfants, en les accompagnant au train qui les acheminera vers ces territoires d’où ils ne reviendront peut-être jamais. Car c’est de cela dont il s’agit. Il faut arrêter de tourner autour du pot. Ou on cause ou on se bat ! La troisième solution n’existe pas.

Ceux qui disent aujourd’hui que l’Europe n’en fait pas assez pour soutenir l’Ukraine, tiraillés entre les options antimilitaristes d’hier qui consistaient à mettre une fleur au bout du fusil et celles, moins avouables, qui consistent à prendre un fusil pour défendre nos fleurs, sont-ils prêts à troquer leurs convictions contre une caisse de munitions ? Pas si sûr ! Combien avons-nous vu, à ce titre, de conflits s’enliser, s’éterniser et se dissoudre dans les nuances de l’histoire car notre implication s’avérait moins héroïque que rédhibitoire. Il faut réécouter “Le déserteur” de Vian ou revoir “La déchirure” de Joffé pour s’apercevoir que, dans les deux cas, la démission l’emporte sur l’expédition, avec les répercussions que le refus d’en découdre peut avoir sur les populations massacrées, déportées, privées de liberté. Si la formule “armons-nous et partez” répond en partie aux sensibilités non avouées de l’opinion, en sera-t-il de même le jour où il faudra dire “armons-nous et partons” ?

Jean-Paul Pelras

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