Le biocontrôle sous contrôle

Le programme Palvip a permis d’étudier de nouvelles solutions de biocontrôles encore en développement ou déjà commercialisées. Avec des résultats parfois prometteurs pour certains produits…

Quatre années d’expérimentations en arboriculture et en vigne, en France et en Espagne, des partenariats transfrontaliers… S’il ne changera pas la face du monde, le programme Palvip laisse entrevoir de belles possibilités. “Le but du projet, c’était de regarder si nous pouvions faire émerger, en local, des alternatives aux produits phytosanitaires de synthèse” résume Cédric Bertrand, de l’Université de Perpignan et responsable scientifique du programme. “Au final, nous avons certains produits qui peuvent offrir des niveaux de protection intéressants qui peuvent être signifiants, mais aussi des défauts patents. Et ce qui est intéressant, c’est que nous avons mené les expérimentations dans les conditions que rencontrent les agriculteurs” ajoute-t-il.

“L’objectif, c’était de regarder s’il se passait quelque chose avec ces produits. Mais aussi, quoiqu’il se passe, de comprendre pourquoi” témoigne Julien Thiery, chef du service viticole de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. “En quatre ans, nous avons pu, avec nos partenaires, travailler sur les doses, les itinéraires, voire la formulation.” “Nous n’atteindrons jamais l’efficacité des produits phytosanitaires chimiques” ajoute Aude Lusetti, responsable des expérimentations phytos de la station Centrex. “Mais tous ces produits offrent des solutions pour des stratégies de réduction des indices de fréquences de traitement ou en cas de faible pression”.

Arboriculture et cultures légumières

Regardons d’abord en arboriculture et cultures légumières. “Nous avons mené des essais de plusieurs types” détaille Aude Lusetti. “Nous avons travaillé sur le monilia sur pêchers et abricotiers, sur le désherbage alternatif en culture légumière et sur drosophila suzukii…”

Désherbage. Pour le désherbage, c’est un produit déjà homologué qui a été testé, le Beloukha, à base d’acide pélargonique. “Cela donne des résultats, mais pas à n’importe quelle condition. Déjà, c’est un défoliant, donc il ne faut pas toucher les plantes cultivées et se contenter de l’interrang. Ensuite, il faut qu’il fasse soleil et que le sol soit sec et enfin que les adventices soient petites, pas au-delà de quatre feuilles” énumère-t-elle. “Si on respecte bien ce cahier des charges, ça fonctionne plutôt bien.”

Drosophila Suzukii. Cette petite mouche, arrivée en France il y a une douzaine d’années, est le cauchemard des producteurs de cerises principalement. En particulier depuis le retrait du Diméthoate. “Nous avons testé des produits à base champignons entomopathogènes fournis par Futureco et De Sangosse. Le principe repose sur des champignons qui s’attaquent aux insectes mais, pour le coup, autant pour le désherbage nous avons obtenu des résultats, autant là c’est assez faible avec une efficacité comprise entre 20 et 30 % et qui plus est fort aléatoire.”

Monilia. “Pour cet essai autour du monilia sur fleurs et rameaux, nous avons utilisé un produit d’Akinao de l’université de Perpignan et un de Futureco, avec des résultats encourageants qu’il va falloir maintenant confirmer et continuer d’étudier.” Pour le monilia sur pêcher “les résultats que nous avons obtenus sont très variables d’une année sur l’autre avec une efficacité de l’ordre de 30 à 50 % et une très forte influence des conditions météorologiques.”

Oïdium sur pêcher. En marge de ces trois grandes expérimentations, Aude Lusetti en a aussi profité pour travailler sur l’oïdium sur pêcher avec un produit de Futureco encore en phase de développement. “Là, les résultats sont très prometteurs avec une efficacité à 69 % sur des arbres fortement touchés, il faut poursuivre les essais.”

Vigne

En vigne, quatre thèmes principaux avaient été retenus pour la partie viticole des essais, l’oïdium, qui était le chapitre principal, eudémis, vesper et les herbicides naturels.

Oïdium. “Un ou deux produits ont présenté des résultats que l’on peut qualifier d’intéressants même, ne l’oublions pas, si nous restons dans le domaine du biocontrôle” précise Julien Thiery. “Mais ce sont des produits qui pourront venir en complément du soufre ou en début de programme de lutte.”

Eudémis. “Nous avons adopté une stratégie proche de celle employée pour lutter contre la mouche de l’olivier, c’est-à-dire des interventions à base de talc ou d’argile, avec des produits qui sont déjà commercialisés mais non homologués pour ces usages, qui protègent les fruits. L’efficacité que nous avons pu observer est partielle mais les expérimentations méritent d’être poursuivies.”

Vespère. “Pour Vespère, c’est particulier, parce que c’est un sujet qui n’intéresse personne, à part la Côte Vermeille, seul endroit où ce coléoptère du sol attaque les ceps et nous nous sommes basés sur l’expérience des vignerons qui parfois, enterrent des feuilles de lauriers fleurs avec les jeunes plants parce que ces feuilles auraient une action répulsive sur les larves. Nous avons donc procédé de la sorte et d’un autre côté nous avons aussi, avec l’université de Perpignan développé un extrait végétal à intégrer à l’arrosage. Le dispositif est en place mais il faudra attendre un peu pour les résultats.”

Herbicide. Comme en arbo, c’est Beloukha qui a été testé en vigne, avec des résultats mitigés. “Nous avons constaté une bonne efficacité, c’est rapide, mais cela ne dure pas très longtemps, les adventices repoussent très vite et s’il faut quatre ou cinq passages par campagne, au prix du produit, ça ne passera pas.”

Palvip

Le programme Palvip, pour protection alternatives des productions végétales interrégionales pyrénéennes a rassemblé l’Universitat Autónoma de Barcelona, les universités de Gérone et Perpignan, la Chambre d’agriculture, l’INCAVI et Futureco Bioscience et a été financé par le FEDER.
Pour en savoir plus : https://palvip.univ-perp.fr

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