Parce que rien n’est jamais simple 2022 – #16 [par Yann Kerveno]

À qui profite le crime ?

Tout le monde connaît l’expression, “à qui profite le crime ?”, mais elle s’applique aussi en cas de crise. Ainsi, aujourd’hui, à qui profite la crise ? J’ai bien une petite idée et la famille Cargill y occupe une bonne place… Avec l’aide de la guerre en Ukraine, qui fait exploser le prix des céréales (en fin de semaine dernière, on est encore à plus de 350 euros la tonne jusqu’aux échéances de mai 2023…), la famille Cargill peut se targuer de compter trois nouveaux milliardaires en plus des deux membres qui l’étaient déjà grâce aux parts qu’ils détiennent dans l’entreprise éponyme… L’an dernier, Cargill a réalisé 4,9 milliards de dollars de bénéfices, un record historique et la famille, 90 membres détiennent 88 % du capital, figure parmi les quatre familles les plus riches des États-Unis avec un capital combiné de 51,6 milliards de dollars. Le lisier est aussi un autre grand gagnant de la crise inflationniste des engrais. Il devient aujourd’hui, quand l’urée coûte plus de 1 000 euros la tonne, bien plus sexy en dépit de son odeur !

Moisson en recul

En Ukraine, les menaces qui pèsent sur la moisson 2022 se font plus précises. D’une part, les combats ne cessent pas. D’autre part, les Russes ont visiblement miné une partie des champs par lesquels ils sont passés. Et les agriculteurs sont contraints de faire appel aux services d’urgence et de déminage avant de s’engager dans les parcelles. Les 7 000 hectares de Granary de Sloboda, une ferme des environs de Kharkiv, sont pour l’instant inaccessibles à cause des mines ou des combats et les experts estiment, pour l’instant, une moisson ukrainienne en recul d’au moins 20 %.

Blés d’ailleurs ?

Si l’Inde se positionne aujourd’hui sur le marché mondial en fournisseur potentiel de blé, l’inconnue reste le comportement des agriculteurs brésiliens et argentins à l’heure de semer pour la moisson 2023. S’ils peuvent être tentés de semer du blé, l’arbitrage se fera sûrement en fonction du prix des engrais et des produits phytos. Là encore les experts estiment que l’Argentine pourrait donc disposer d’une sole blé dépassant 6,75 millions d’hectares cette année, soit l’équivalent d’un peu plus d’un tiers du blé semé aux États-Unis. La sole blé pourrait en outre progresser de 30 % au Brésil pour atteindre 3,6 millions d’hectares.

Méfiance !

Ce ne sont pas les récentes affaires Buitoni ou Kinder qui vont arranger la question. Une étude récente, menée auprès de citoyens européens, montre qu’il existe dans la population une forte défiance vis-à-vis de l’industrie agroalimentaire. Seuls 47 % d’entre nous font confiance à ces entreprises et ce chiffre tombe à 37 % quand il s’agit d’estimer si les aliments qu’elles produisent sont durables. Et vous savez quoi ? Cocorico, c’est en France que la défiance est la plus forte avec seulement 30 % de nos concitoyens exprimant leur confiance dans l’industrie agroalimentaire quand la confiance dans les autorités est aussi en dessous de la moyenne à 43 %.

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