Lettre à cet élu dont les Français ne veulent plus (Par Jean-Paul Pelras)
Monsieur le Président,
le pays qui vient de vous reconduire pour 5 ans à l’Elysée compte 48.7 millions d’électeurs, parmi lesquels 18,7 millions vous ont accordé leurs suffrages. Soit 38,5 % des Français appelés aux urnes dont certains, et vous le savez bien, s’y sont transportés à leur cœur défendant.
61,5 % ont voté pour votre adversaire, ont voté blanc, se sont abstenu ou n’ont pas fait le déplacement. Les deux tiers des habitants de ce pays n’ont donc pas souhaité vous accorder leur confiance, sachant que, dans le tiers restant, certains l’ont fait par dépit. Et le dépit, Monsieur le Président, n’est pas un bon sentiment.
Vous voilà donc réélu pour ainsi dire à la surface des urnes, vous qui marchiez sur l’eau durant cette campagne où vous vous êtes payé le luxe d’être absent du premier tour laissant à vos adversaires, non sans une certaine condescendance, le soin de s’étriper entre eux tout en vous désignant comme étant le premier responsable du déclin français. Ces adversaires qui, mis à part Lassalle et Arthaud, ont appelé, plus ou moins implicitement, à vous designer afin de faire barrage à l’extrême droite. Le Front républicain contre le Front national en quelques sortes. Et le stratège a, une nouvelle fois, fonctionné.
Pourtant, à bien y regarder pendant 5 ans vous avez été celui qui n’a rien obligé mais qui a tout interdit, vous avez été l’homme d’une inflation historique, d’une dette publique qui l’est tout autant, du commerce extérieur déficitaire, de la déprise rurale, des petites phrases destinées à « ceux qui ne sont rien », de l’atomisation des partis politiques, du mépris du peuple et des Assemblées, de la séquestration du débat démocratique et du calibrage de la parole médiatique subventionnée.
La lune fiel va commencer là où la lune de miel, quoique tourmentée, vient de s’achever.
Décidant seul dans la posture de l’hyperprésident, vous avez dessiné en 5 ans ce que seront nos 5 prochaines années et, ce que pourrait être, la pente descendante de votre destinée. Car la lune de fiel va commencer là où la lune de miel, quoique tourmentée, vient de s’achever. Avec l’écueil des Législatives tout d’abord que vous surmonterez certainement en désignant un gouvernement aussi hétéroclite qu’improbable pour satisfaire les offres de service. Et, puisque vous êtes leur obligé, en donnant aux partis ou à ce qu’il en reste leur consubstantielle becquée.
Des législatives que vous remporterez par le jeu des alliances contrenature et de quelques pitoyables forfaitures, quelque part entre ce que vous devez à ceux qui vous ont soutenu et ce que vous prendrez à ceux qui vous ont mal élu.
Ensuite les affaires vont revenir. Avec l’Ukraine tout d’abord et ce conflit où vous serez tôt ou tard conduit à choisir entre ce que ne veulent pas les Français et ce que réclame Zelenski. Entre ce que peut lui accorder l’Europe et ce que peut nous infliger la Russie. Entre le bruit des bottes caucasien et le bénéfice étasunien.
Avec la question du pouvoir d’achat, dont vous aurez du mal à vous dépêtrer sauf à creuser encore un peu plus le déficit public à coup de chèques en bois et de promesses qui finiront, comme vos Grands débats, rangés sur les étagères empoussiérées de quelques quinquennats manqués.
Rajoutons à cela le retour plus que probable des contraintes sanitaires avec son cortège d’avis scientifiques télévisés et les injonctions empiriques d’une injection expérimentée dont les Français ne veulent plus.
Sans oublier le carcan environnementaliste à venir et celui mis en place par votre ministre de l’Ecologie qui dansait, dimanche soir, sur le Champ de Mars pour célébrer votre petite victoire, alors que les agriculteurs se demandent comment, dans d’autres champs et sur la France des territoires oubliés, ils pourront encore exercer leurs métiers.
La liste est longue et non exhaustive des erreurs et des incuries qui pourraient nous conduire, en 2027, vers un duel où seuls les extrêmes seraient sélectionnés. Alors, devant l’Histoire, celle à laquelle vous croyez déjà appartenir, à force de trop miser sur les partitions et si vous ne faites rien pour redonner confiance à la Nation, c’est dans les eaux basses de quelque dictature que finira par se dissoudre le piètre souvenir de vos deux mandatures.
Jean-Paul Pelras