L’ASA du canal de Corbère tire le signal d’alarme
Les dirigeants de l’ASA du canal de Corbère, qui compte 1 400 adhérents, viennent d’écrire au préfet. Ils revendiquent une gestion saine de la structure, mais alertent les services de l’État face, notamment, aux nombreux problèmes de recouvrement.
L’ASA du canal de Corbère est la plus importante des Pyrénées-Orientales, desservant 1 400 adhérents sur un réseau couvrant 1 200 ha. Mais ses dirigeants sont inquiets. Ils viennent d’écrire au préfet et, parallèlement, ont obtenu un rendez-vous avec la Direction départementale des finances publiques pour courant novembre.
90 000 € d’impayés
“L’ASA fonctionne”, explique Sandrine Jaffard, sa directrice. “Quand on présente les comptes, la gestion est saine, il y a même un léger excédent… Mais cela en s’en tenant aux factures. Le problème, c’est qu’il y a beaucoup d’impayés. Notre budget est de 540 000 €, et nous en sommes à 90 000 € d’impayés !”. Soit, sur un nombre total de 2 300 factures adressées chaque année aux adhérents, environ 450 non réglées (totalisant deux taxes, pour le gravitaire et le sous-pression). “Ce sont beaucoup de petites sommes, que doivent les particuliers. Mais il y a aussi une dizaine d’agriculteurs qui représentent à eux seuls un montant impayé de 50 000 à 60 000 €” souligne-t-elle. “Avec la crise agricole, certains ne peuvent pas, ou ne veulent pas payer” relève le président de l’ASA, Didier Bruzy. Problème, le trésor public a longtemps tardé à assurer le recouvrement. “Ils étaient en sous-effectif. Depuis peu, les choses bougent. Ils envoient des relances et les huissiers.” Il faut maintenant accélérer le calendrier… “Il y a 15 jours, nous avions 45 000 € en caisse, maintenant nous sommes à 70 000 €. Or la facture de l’Agence de l’eau, d’un montant d’environ 90 000 €, va arriver” note Sandrine Jaffard.
EDF : une facture multipliée par deux en six ans
Une facture qui a considérablement augmenté en quelques années, tout comme l’EDF, passé de 95 000 € en 2010 à 197 000 € en 2016, “pour la même consommation !” indique Didier Bruzy. Face au manque de trésorerie, un projet de construction d’une nouvelle station de pompage, financé sur le papier à hauteur de 80 % (pour un chiffrage total de 380 000 €), a dû être annulé. Il aurait pourtant servi l’intérêt général, en permettant de supprimer un forage dans la nappe pour 42 ha, et donc de flécher cette eau vers la consommation humaine. “J’ai peur que nous ayons encore plus d’impayés au 1er avril au vu de la mauvaise saison 2018 en arboriculture”, glisse Didier Bruzy. “Pour nous il est essentiel de conserver une indépendance. On va tout faire pour cela. Si la gestion du canal entrait dans le giron d’une collectivité locale, l’agriculture en perdrait la maîtrise.”
Fanny Linares