L’antidote : Se souvenir des bons moments « Le slow » (Par Jean-Paul Pelras)
L’an passé, à la même époque, je reprenais cette phrase empruntée au scénario du film « Un été 42 » quand la belle Dorothy laisse ce mot d’adieu au jeune Hermie disant : « Je ne veux pas essayer d’expliquer ce qui s’est passé, car je sais que, plus tard, tu trouveras la manière exacte de t’en souvenir » Pour les slows, c’est un peu pareil parce que, même quarante ans plus loin, on se souvient de cette approche délicate dans la pénombre d’une piste de danse et sous la boule à facettes de nos jouvencelles hésitations. « Qu’il en fallait du courage » aurait presque pu dire Paul Fort pour se lancer et aborder une à une ces pastourelles alignées sur les chaises en plastique orange de la salle des fêtes ou sur celles du bal musette villageois. Là, juste après la polka de rigueur, le paso des adultes et le tango à papa, quand la lumière se fait plus douce et que le rythme, subitement, ralenti. Une canette à la main, c’est à ce moment là que nous allumions une cigarette, que nous dégrafions un bouton supplémentaire sous le col de la chemise et que nous bombions un peu le torse pour convaincre la belle, docile ou bêcheuse, sous le regard de celles qui, planquées derrière l’estrade ou dans la pénombre des platanes, pariaient secrètement sur l’issue de la dite tentative. Alors que Christophe dessinait sur le sable le visage d’Aline, alors que Schönberg faisait son premier pas, alors qu’il neigeait sur Yesterday ou sur le Kilimandjaro et que le copain d’à coté emballait sur Daydream. C’était le temps des premiers patins, gamelles, galoches et autres palaus échangés dans la moiteur d’un soir d’été inoubliable. Souvenez-vous, l’histoire d’une première pelle et de quelques râteaux.