L’antidote : Se souvenir des bons moments « Le bras à la portière » (Par Jean-Paul Pelras)

Evoquons aujourd’hui ce geste qui, vous le remarquerez, a progressivement déserté la route de nos vacances. Je veux parler du bras à la portière. Celui que nous exhibions avant que la vitre teintée et l’air conditionné, ne confine définitivement l’automobiliste à l’intérieur de quelques berlines high tech avec GPS et séances vidéos intégrées. Innovations de pacotille qui font que nos loupiots en arrivent parfois à confondre désormais le pont du Gard avec le viaduc de Millau. Coincé dans la vitre coulissante de la 4l ou sous l’abattant que nous laissions reposer sur le rétroviseur de la 2CV, l’avant bras en question, superbement bronzé, en disait long sur la durée du voyage ou sur le modèle du véhicule plébiscité. Vous traversiez, souvenez-vous, le Larzac avant de bifurquer vers les Cévennes, sous le crible des frondaisons et dans l’ombre rafraîchissante de quelques platanes séculaires. A Roquefort ou au Pompidou, la pluie sur le goudron chaud exhalait, pour un instant, cette fragrance si particulière, propre aux orages de votre enfance. Un peu plus loin, c’est le crépitement incessant des chants de cigales qui précédaient l’odeur du foin coupé, celle des genets et des pins avant cette caravane qui n’en finissait pas de ne plus avancer à l’entrée de ce village où vous alliez vous arrêter pour quelques jours. A cause du silence, de l’air pur et du ruisseau. A cause de toutes ces libertés inattendues qui prennent le temps de prendre le temps. Un bras à la portière, toujours au soleil des bons moments.

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