L’antidote : Se souvenir des bons moments « Chemins » (Par Jean-Paul Pelras)

Je pensais avoir le temps. Car à 20 ans nous croyons que la vie nous appartient. A 40, nous comprenons qu’elle peut se passer de nous et, à 60, nous savons qu’il faut se résoudre à la quitter un jour. L’écrivain Lawrence Durell disait « C’est la vie même qui est une fiction ». Entre temps, les années circulent, nous empruntons d’autres chemins qui nous ramènent tôt ou tard vers quelques vieux souvenirs. En voici un, débusqué dans une rue qui descendait vers le foirail à Saint Chély d’Apcher en Lozère : Un après-midi de juillet. Ma tante Céline et l’oncle Paul venus pour acheter une machine à laver. La 4L rouge. L’odeur des sièges en moleskine. Les boutiques de centre-ville qui n’ont pas encore été détrônées par les succursales bancaires, les agences immobilières et les magasins de téléphones portables. On y croise des vieux en pantoufles qui font la queue pour un morceau de foie de génisse ou pour un paquet de tabac gris. Et puis, il y a la devanture, le marchand, les panneaux alvéolés, l’odeur du caoutchouc tout neuf, ce lave-linge livré à la ferme et installé quelques jours plus tard entre la douche et le bidet, un jour d’orage où ils « passaient » Max la Menace à la télévision. L’été dernier, je suis revenu dans cette rue. La boutique, bien sûr, avait disparue. Alors, j’ai fermé les yeux et j’ai revu la 4L rouge. Et j’ai entendu à nouveau le bruit que faisait, sur la porte d’entrée, le petit carillon.

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