La punaise, le moustique, le puceron et la démangeaison (Par Jean-Paul Pelras)

Paris et ses punaises de lit. Paris et ses écologistes. Paris et ses multiples contradictions. Il y aurait tant à dire et à écrire sur tous ces gens qui, depuis Lutèce, brandissent des fioles remplies d’insectes à l’Assemblée nationale, telle la députée LFI Mathilde Panot qui réclame un “service public de désinfection”. Tout comme, face à la prolifération du moustique tigre et à la découverte de cas de dengue importée, furent déclenchées des opérations de démoustication dans plusieurs villes de France, avec des accommodements à géométrie variable de la part des élus écologistes. À Saintes, en Charente Maritime, le député européen, agriculteur et chantre de la lutte anti-bassines, Benoît Biteau, ayant obtenu l’annulation de ce moyen de lutte prétextant un risque pour l’environnement. Considérant la menace sanitaire, l’opération a toutefois été reprogrammée.

Des punaises et des moustiques, mais aussi des rats et tant d’autres bestioles qui menacent le quotidien de nombreux Français et perturbent l’image de nos métropoles à quelques mois des Jeux olympiques. Évidemment, quand le derme politicien, touristique ou sportif est menacé, quand la démangeaison devient insupportable, quand l’insecte vient troubler intramuros le quotidien de ceux qui vivent 24 h sur 24 dans la cité, il faut, quitte à renier ses convictions, employer les grands moyens, trouver les bonnes solutions.

En revanche, lorsqu’il faut éradiquer aleurodes, charançons, cicadelles, carpocapses, nématodes, altises, thrips, doryphores, mineuses, pyrales, noctuelles et autres mouches de la cerise ou pucerons verts de la betterave, on s’indigne, on légifère, on interdit et, le cas échéant, on sanctionne, on verbalise, on ruine l’agriculteur qui perd ses récoltes, sacrifie son entreprise et tout ce qu’il a investi.

“Traitement” à géométrie variable

Lorsque le bambin revient de l’école la tête envahie de poux, il faut traiter. Lorsque la punaise envahit la literie, il faut traiter. Lorsque la vrillette grignote les pieds du buffet, il faut traiter. Lorsque le frelon s’invite sous les combles du chalet, il faut traiter. Lorsque la mouche vibrionne sur la nourriture au moment du diner, il faut traiter. Lorsque la puce ou la tique pique le chien ou le chat, il faut traiter. Lorsque l’insecte vecteur du chikungunia menace la quiétude des vacances d’été, il faut traiter. Mais lorsque le ravageur s’en prend aux productions qui sont pourtant destinées à nourrir l’humanité, pas question. Débrouillez-vous et au diable ceux qui n’auront pas su trouver de solutions, les pays concurrents se chargeront rapidement d’usurper leurs marchés. Car ils ne s’embarrassent d’aucune législation et passent, la plupart du temps, entre les mailles du filet dès qu’il s’agit de franchir la barrière des importations.

Mettez un paysan dans un champ envahi d’insectes, il est sommé de “s’adapter”. Mettez un écologiste dans un pièce où quelques punaises risquent de s’installer, il s’enfuit à grandes enjambées. Pendant la période Covid et le confinement, nous avons constaté un regain d’intérêt pour l’agriculture, avec ce que beaucoup ont appelé la “souveraineté alimentaire”. Très vite, une fois la menace écartée, une fois les frontières alimentaires et commerciales à nouveau décloisonnées, politiciens, écologistes et urbains paniqués se sont remis à déconsidérer et à négliger le rôle nourricier de l’agriculture. Préférant aux évidences de l’essentiel les interférences du non essentiel. Et pourtant (mais comment l’expliquer à ceux qui préfèrent le loup à l’agneau et l’ours au troupeau), la punaise de lit représente pour l’humanité une menace beaucoup moins importante que la pyrale, le puceron ou le cricket.

2 réflexions sur “La punaise, le moustique, le puceron et la démangeaison (Par Jean-Paul Pelras)

  • 12 octobre 2023 à 17 h 54 min
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    Bonjour Jean Paul , je ne peut que vous encouragé a publier des lettres assorties de toutes ces vérités Merci

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  • 13 octobre 2023 à 14 h 31 min
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    vous avez raison, supprimons tous ces traitements chimiques, à commencer par le glyphosate ! … avant qu’il ne soit trop tard comme pour le chlordécone !

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