Les agriculteurs devront-ils laisser les clés du tracteur aux écolos ? (Par Jean-Paul Pelras)
Peut-être bien. Et au train où vont les choses, plus rapidement que ce que l’on croit. Dernier assaut en date, celui qui concerne les zones de non traitement et l’invalidation par le Conseil constitutionnel des chartes permettant d’instaurer des distances minimales à respecter. Un dispositif, pourtant discuté entre organisations professionnelles agricoles, riverains et services de l’État, qui serait contraire à la Constitution. Des distances minimales fixées en décembre 2019, après des mois de tergiversations, à 5 mètres pour les cultures “basses” (maraichage, grandes cultures) et à 10 mètres pour les cultures “hautes” (arboriculture, viticulture) qui pourraient donc être encore réduites. À l’origine de ce retrait, neuf ONG, syndicats ou associations dont Générations futures et France Nature Environnement, qui ont saisi le Conseil d’État, dénonçant “une mascarade de concertation”.
Tout ça pour ça, pourrait-on presque dire. Avec des environnementalistes qui exultent en criant “victoire” dans leurs communiqués et des agriculteurs qui vont devoir retourner à la table des négociations pour couper les cheveux en quatre, en écoutant les doléances de ceux qui ont choisi la campagne pour se l’approprier tout en empêchant le paysan de travailler.
Faut-il, à ce titre, déplacer les autoroutes, les périphériques, les aéroports, les centrales nucléaires, les sites classés Seveso, les usines, les carrières… ? Ceux qui ont choisi de s’installer dans un village ou dans un lotissement se sont-ils aperçus qu’ils étaient entourés de champs ? Ont-ils compris que l’agriculteur risquait d’y venir avec des tracteurs pour soigner et amender ses cultures, labourer ses terres et effectuer les travaux qui lui permettent de nourrir, dans ce pays, 67 millions de consommateurs ? Et bien, non ! Manifestement, ils n’ont pas compris et exigent que la législation soit encore plus coercitive et punitive, parce qu’ils confondent la propriété agricole avec l’espace de loisir, parce qu’ils veulent faire reculer le “premier arrivé”. Celui qui, depuis des générations et des siècles, cultive là où, désormais, d’autres font leur footing, promènent leur chien ou fument leur joint.
Les exemples d’intimidations ou d’agressions sur des agriculteurs sont, à ce titre, de plus en plus fréquents, avec des riverains qui ne supportent plus l’odeur du fumier, la poussière des labours, le bruit des bennes à vendanger ou la simple vision d’un pulvérisateur. Le moindre prétexte est bon pour insulter, se boucher ostensiblement le nez, monter sur le marchepied du tracteur pour rouer de coups le paysan qui refuse d’obtempérer, créer un collectif ou passer son temps à se plaindre en mairie. Par contre, dès qu’il faut aller cueillir quelques artichauts, un pied de salade, se servir en fruits à la nuit tombée ou jeter la vieille machine à laver dans la vigne au bout du chemin, l’écologie n’est plus une priorité.
Bon nombre d’élus préfèrent souscrire aux doléances des nouveaux venus plutôt que de s’en remettre au bon sens paysan
Une tendance qui n’est pas prête de s’inverser, car dans beaucoup de communes l’agriculteur a perdu la main. Il ne siège plus que très rarement au conseil municipal et bon nombre d’élus préfèrent souscrire aux doléances des nouveaux venus plutôt que de s’en remettre au bon sens paysan. Quand certains, dès qu’ils regardent un champ, n’y voient plus la promesse d’une culture, mais la manne d’un lotissement. Quand le nuisible n’est pas celui qui vient donner des leçons parce qu’il est membre d’une association, mais celui qui doit désormais, la loi du nombre étant ce qu’elle est, s’adapter aux demandes de la population.
Et bien Madame et Monsieur le maire, prenez, avec tous ceux que vous défendez si brillamment, les clés du tracteur aux mains du paysan. Allez-y, occupez-vous de cet espace, de ce territoire qui fait soi-disant le charme de votre village, de votre département, de votre région, de notre pays. Passez des discours aux actes. Vous n’aurez alors plus besoin de rédiger des chartes pour satisfaire votre idéologie. Il vous suffira simplement d’investir, de Lille à Perpignan et de Bordeaux à Lyon, dans des canadairs pour éteindre les incendies. Vous n’aurez alors plus besoin de vous soucier des distances de non traitement. Mais simplement de ces gigantesques no man’s land où vos services passeront le plus clair de leurs temps à entretenir, 365 jours par an, des coupe-feux à la place du méchant paysan.
Rien à rajouter, tout est dit! Parfois c’est même le maire, pourtant agriculteur qui fait des âneries, pour agrandir un lotissement.
Cordialement,
Beau texte et malheureusement la réalité . Les écoles en majeure partie des fumeurs de joints alors la réalité elle est complètement hors circuit pour ces gens là…
Vous avez mon soutien. Petit fils de paysans , c’est comme cela que l’on vous appelait jadis, je sais combien votre fonction est noble ,essentielle et difficile.
J’ai vu mes voisins disparaitrent les uns apres les autres , et ne pas etre remplacés. Toutes les terres sont maintenant abandonnées, tristesse !
Bon courage à vous.
J’en ai mal aux tripes de cette situation,j’habite à la campagne par choix,avoir un jardin,des poules,être entouré de vaches et leurs petits veaux fait mon bonheur,cette campagne,ou les cloches sonnent,les chiens aboient,les tracteurs etc,la source de la vie quoi.Il faut ce dire que ses ecolos ne le sont que de nom,j’en vois qui roulent avec des 4×4 tout pourris qui polluent comme 5 voitures,et faut avouer que si aujourd’hui on est face à un envahissement de notre pays,merci les ecolos,ils ont trouvés leur façon d’être ,en remarquant que les jeunes se sentaient responsables de sauver la terre,et sauver l’humanité,les politiques sont entrés dans la brèche,pour avoir les votes et le pouvoir.ils veulent nous obliger à manger de l’herbe, reniant leurs ancêtres,notre terre,j’ai honte de ce que nous devenons,mais je me battrais bec et ongle pour que mes petits enfants soient fières de nos campagnes,,et sachent faire la différence entre responsables de la terre et respecter le monde paysans,contre des cols blancs qui ne veulent que régner.
D’accord d’accord. juste une petite réflexion : c’est pour développer les villages qu’on attire les gens de la ville à s’installer dans des lotissements… et la plupart du temps, qui a vendu les parcelles de ces lotissements ? d’où bien souvent, l’enclavement dans les terres agricoles….
moi je n’aime pas les extrêmes et les intégristes de quelque bord que ce soit. là encore, le bon sens devrait être la règle..