La montagne est aussi un espace de travail pour les éleveurs
La Covid et les confinements ont renforcé l’intérêt des Français pour les grands espaces, dont la montagne. Mais il ne faut pas oublier qu’en plus d’être le support d’activités touristiques, elle l’est aussi de pratiques agricoles, dont la transhumance.
C’est un peu l’image d’Épinal de la montagne, les troupeaux de bovins ou d’ovins arpentant les estives où l’herbe est bonne et verte. Ce n’est pas l’intrépide chèvre Blanquette qui dira le contraire. Mais au-delà de la carte postale, l’estive et la transhumance sont bien deux éléments essentiels dans les Pyrénées-Orientales. Essentiels pour l’élevage, parce que l’estive est le seul moyen de nourrir les animaux durant la période estivale quand la chaleur grille tout en plaine. Essentiels aussi pour entretenir les montagnes et favoriser le maintien de la vie sauvage.
Dans les Pyrénées-Orientales, c’est d’ailleurs la base de l’élevage. Imaginez : le département compte 260 éleveurs qui produisent de la viande, ovine ou bovine, et 95 % d’entre eux ont recours à la transhumance et aux estives. L’élevage valorise ainsi 110 000 hectares de terres, 25 % de la surface du département et plus de 100 000 hectares sont des prairies permanentes, des parcours et des estives.
Espace de rencontres et de confrontations
La plupart des estives sont gérées collectivement par les groupements pastoraux qui embauchent également, pour la saison, vachers et bergers, ils sont 45 cette année en montagne à veiller sur les troupeaux. Mais la montagne devient aussi, voire redevient, un espace de rencontres et parfois de confrontations de plusieurs mondes. Il y a le retour des grands carnivores, loups, ours, même si dans les Pyrénées-Orientales la pression n’a rien à voir avec ce qu’elle peut être dans les Alpes ou en Ariège.
Et puis il y a l’arrivée de nouveaux publics à la recherche de grands espaces et d’air pur, surtout depuis l’épisode des confinements qui ont fait redécouvrir la montagne aux citadins d’ici ou d’ailleurs. Randonneurs, trailers, vététistes, motards, les sentiers sont de plus en plus empruntés et les pratiquants n’ont pas toujours la bonne formation ou les bons réflexes quant aux comportements à adopter en présence d’un troupeau.
Rester à distance
Pour la sécurité de tous, il est indispensable de ne pas s’approcher des troupeaux. Ces animaux ne sont pas habitués à la proximité des inconnus. Ils peuvent donc avoir des comportements dangereux (coups de cornes ou de pied, dispersion, affolement, chute). Au cours des différents circuits, il est également possible de rencontrer des équipements pastoraux (clôtures, barrières et portes, refuges pastoraux, parc de contention…). Il en va de votre responsabilité de ne pas endommager ces outils de travail et de les laisser tels qu’ils ont été disposés pour la protection des troupeaux et du milieu qu’ils valorisent. C’est-à-dire que si la barrière est ouverte, on la laisse ouverte, si elle est fermée, on la ferme après l’avoir franchie.
Il faut aussi que les amoureux des animaux sachent que les chiens, considérés comme des prédateurs, représentent un danger pour les troupeaux qui peuvent réagir à leur tour violemment. Comme l’ont montré quelques incidents les années précédentes, les chiens engendrent de nombreux dégâts sur les troupeaux, comme des décès, des avortements, des attaques ou des accidents mortels. Pour maintenir la sécurité des chiens et celle des troupeaux, il est indispensable de les tenir en laisse à une distance suffisante des troupeaux (au moins 20 mètres). 20 mètres, c’est d’ailleurs le détour qu’il est conseillé de faire, quitte à sortir du sentier si le troupeau y est stationné. On évitera aussi absolument de toucher les animaux et de laisser des déchets dans les estives. Non seulement c’est sale et au XXIe siècle cela ne devrait plus arriver, mais en plus cela représente un danger pour les vaches ou les moutons en cas d’ingestion…
Attention aux chiens
Et puis il y a le grand point de friction. Le patou ou les chiens de protection du troupeau. Ces chiens sont élevés depuis leur plus jeune âge pour défendre le troupeau de tous dangers extérieurs. Au passage de randonneurs, ils aboient et se dirigent vers eux. Mais, pas de panique, ici encore, quelques astuces permettent de les croiser sans encombre. Il ne faut pas tenter de les effrayer et il est préférable de leur parler pour les prévenir que quelqu’un arrive. Les regarder dans les yeux, brandir de bâton ou un autre objet pourrait représenter pour eux une menace. Ils voudront également interagir avec les chiens de promeneurs, qu’il ne faut surtout pas prendre dans les bras au risque de déplacer le danger sur le propriétaire. Après une petite pause immobile pour leur permettre de comprendre qui le promeneur est, on peut alors poursuivre le chemin calmement sans courir ni chercher à entrer en contact avec le troupeau ou les chiens et en descendant impérativement de vélo. Les chiens de protection accompagneront les visiteurs jusqu’à la frontière de leur territoire, puis retourneront au troupeau. Avec la satisfaction du devoir accompli !