La Gasconne : solide sur ses appuis [par Yann Kerveno]
Malgré l’absence de rendez-vous et un marché difficile sur certaines catégories d’animaux, la race gasconne ne perd pas de terrain.
Les éleveurs vivent aussi une année pour le moins bizarre avec l’annulation de leurs rendez-vous habituels, foires et concours. “On se sent vraiment tout seul puisqu’on ne peut pas voir nos collègues non plus” témoigne Raymond Solé, éleveur de Gasconnes à Thuir. Pas de concours national, pas de foire d’Espezel les 24 et 25 octobre prochains, c’est morne plaine. “Par contre, les ventes qui se tiennent habituellement lors de la foire d’Espezel ont été maintenues, mais pas pendant le week-end prévu” ajoute-t-il. Ainsi, la vente des reproducteurs aura lieu le jeudi précédent le week-end et la vente des animaux de boucherie le lundi, mais uniquement avec un public de professionnels donc.
C’est d’autant plus pénible que le marché n’est pas fameux alors que les animaux vont regagner la plaine. Le marché des broutards est planté. “On est entre 2,2 et 2,4 euros le kilo vif sur cette catégorie d’animaux.” Des prix au ras des pâquerettes mais pas si mauvais au regard de ceux pratiqués en France en général où l’on tourne entre 1,8 et 2 euros au kilo. Une morosité liée principalement aux difficultés rencontrées à l’exportation. Si des animaux partent effectivement vers l’Espagne, les exportations plus lointaines vers les pays du Maghreb sont fortement pénalisées par des difficultés liées au fret et au manque de navires.
Deux nouveaux troupeaux dans les P.-O.
Pour autant, la Gasconne, qui s’appelle d’ailleurs officiellement la Gasconne des Pyrénées depuis février 2019, ne cède pas de terrain. Si les effectifs sont stables dans les Pyrénées-Orientales, qui voient quand même cette année la création de deux troupeaux, ils progressent légèrement dans l’Aude, environ 1 %. “Dans l’Aude, cela représente 113 élevages pour environ 3 000 mères de plus de trois ans, dans les Pyrénées-Orientales il y a une soixantaine d’éleveurs pour environ 1 500 mères” détaille Guillaume Lauze, technicien du groupe Gascon. Si l’on regarde d’un peu plus près, une partie des éleveurs a son troupeau inscrit dans la base de sélection de la race, une trentaine dans l’Aude par exemple.
“Et cette année on a entre douze et quinze veaux originaires des Pyrénées-Orientales qui vont prendre le chemin de la station de Villeneuve de Paréage en Ariège, ce n’est pas rien, je ne suis pas sûr que les autres races présentes dans le département fassent un tel score” se réjouit-il.