La France est sauvée ! [par Jean-Paul Pelras]

Six heures du matin, vendredi 2 septembre, petite revue de presse. Débat Aymeric Caron, député lobbyste antispéciste, contre Thierry Coste, lobbyste chasse et charcuterie : les jeux du cirque peuvent commencer. Gorbatchev est mort : l’Occident lui rend hommage, la Russie se tait. Rentrée des classes : des profs formés en 4 jours. Dommage, 20 ans plus tôt je postulais (non, je déconne). Sandrine Rousseau, députée élue pour faire parler d’elle, après avoir souhaité éloigner les hommes du “barbequiou” propose de “transformer” notre façon de rire. Ou comment la déconstruction de l’individu passe par celle des zygomatiques.

Plus sérieusement (enfin presque), Élisabeth Borne évoque la crise énergétique et des lendemains difficiles, enfin, pas pour tout le monde (ce que nous savions déjà) et pas tout de suite. Et peut-être… Ou peut-être pas. Allo Papa Tango Charlie nous vous perdons… Manifestement la liaison est interrompue entre l’Élysée et Matignon, l’oreillette ne fonctionne plus.
Outre-manche en revanche, Boris Johnson est encore là pour recommander aux sujets de sa Majesté de changer de bouilloire afin d’économiser l’énergie. On a le Benny Hill qu’on peut. Côté français, ce n’est guère mieux, avec cette annonce dont nous ne savons que faire : François René Jean Lucien Bayrou, président de la Communauté d’agglomération Pau-Béarn-Pyrénées, maire de Pau, haut-commissaire au Plan, cumulard politicien et fidèle parmi les fidèles de Jupiter/Vulcain, vient d’être nommé secrétaire général du Conseil national de la Refondation.

Quesako ? On ne sait pas. On cherche, on ne sait toujours pas. On cherche encore et l’on découvre que cet énième objet politique non identifié est censé susciter une forme de concertation entre l’État, les parlementaires, les partenaires sociaux et les citoyens pour préparer les réformes. Un débat de plus dans le débat des “Grands débats” qui finissent empilés sur les étagères empoussiérées d’une République déjà suffisamment encombrée par les plénipotentiaires à recaser.

Comme nous sommes un peu cons…

Et puis il y a cette annonce, fracassante, qui tourne en boucle sur nos écrans et sur les totems de stations-service. L’État, autrement dit le contribuable, vient d’accorder, donc de s’accorder, une remise de 30 centimes à la pompe. Huit heures : je passe devant un marchand de carburant à Saint Chély d’Apcher, 1,989 € le litre de gas-oil. Deux heures plus tard, même endroit, il est à 1,799 €. Huit bagnoles et autant d’automobilistes derrière chaque pompe qui viennent récupérer ce qu’on leur a piqué la veille, autrement dit des taxes, encore des taxes. Sauf qu’il manque 11 centimes pour atteindre la ristourne escomptée. Ah, mais il s’agit seulement de 12 centimes de plus que les 18 déjà accordés. Lesquels vont tomber à 10 début novembre, avec Total (bénéfice 5,7 milliards de dollars au second semestre 2022…) qui va, dans sa grande mansuétude, pousser le pistolet jusqu’à nous offrir 8 centimes supplémentaires sur les 12 déjà octroyés, en attendant fin octobre où le pétrolier sifflera la fin des générosités. Le yoyo des chiffres me file le tournis. La miséricorde de ces gens-là m’attendrit jusqu’au frisson.

Et voilà que Bruno Le Maire déboule dans l’actu pour évoquer le bouclier tarifaire en vigueur jusqu’à fin 2022, afin de nous glisser dans l’oreillette (qui fonctionne à nouveau) l’éventualité d’une hausse des prix de l’énergie dès 2023. Ah bon, comme on est un peu con, on ne s’y attendait pas.
Ah, j’allais oublier Cyril Dion, écrivain, réalisateur, poète et militant écologiste français (nous apprend Wikipédia), invité comme il se doit sur BFMTV, nous dit que, pour lutter contre le dérèglement climatique, nous devons passer de 90 à 25 kilos de viande consommées par habitant et par an.

Au même moment, Macron réunissait un Conseil de défense pour imaginer (bien sûr, seulement imaginer…) quelques coupures hivernales d’électricité. Allez, moins de barbaque dans les congélateurs. La boucle est bouclée. La France est sauvée.

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