Incivilités rurales : et s’il fallait davantage de “Gardes champêtres” ? [par Jean-Paul Pelras]
La question se pose alors que nos campagnes sont de plus en plus menacées par des actes malveillants allant du vol au dépeçage des animaux vivants en passant par le saccage des cultures et les dégradations de matériel.
Au chapitre des incivilités qui menacent nos campagnes viennent donc se rajouter des mutilations en séries sur des équidés. Plusieurs cas sont à déplorer sur l’ensemble du territoire français, avec une recrudescence de ces actes ignobles constatée ces derniers jours. Oreille droite coupée, œils crevés ou arrachés, prélèvement d’organes génitaux, égorgement… Des pratiques souvent assorties d’une précision chirurgicale dont sont victimes ânes, chevaux de course, poneys, juments… Des plaintes ont bien sûr été déposées, des enquêtes sont en cours, la Fédération nationale d’équitation et l’Ordre des vétérinaires se sont portés partie civile. Et partout où cette barbarie est perpétrée c’est l’incompréhension qui domine. Car les intrusions et les sévices seraient imputables à des personnes ayant une certaine connaissance des équidés si l’on considère le mode opératoire, également déploré en Allemagne, en Belgique et outre-Manche. Jeux morbides, dérives sectaires, rituels sataniques…
Si les motivations macabres des auteurs de ces faits ne sont pas encore élucidées, la peur et l’inquiétude gagnent les propriétaires d’équidés qui doivent redoubler de vigilance face à ce nouveau fléau. Des attaques qui laissent derrière eux des animaux morts ou encore vivants dans des souffrances inacceptables. À l’instar de ces éleveurs qui retrouvent parfois une vache ou un veau dépecés dans le pré au petit matin car les auteurs du délit ont manifestement voulu remplir leurs congélateurs, les attaques sur des animaux, pour des raisons que nous qualifierons de multifactorielles, renforcent le climat d’insécurité qui gagne nos campagnes depuis quelques années.
De 30 000 Gardes champêtres à 718 en 50 ans…
Avec des vols que les agriculteurs ne signalent même plus tant ils sont fréquents et demeurent, la plupart du temps, impunis, des tracteurs incendiés à même l’étable, du matériel saccagé dans les champs, des clôtures sectionnées et, entre autres “incivilités”, des cultures récoltées parfois dans des proportions qui dépassent l’entendement. Si le métier de Garde champêtre, fonctionnaire territorial communal ou intercommunal existe toujours sous la bannière Police rurale, ils n’étaient plus que 718 en 2018 à exercer cette activité sur l’ensemble du territoire français contre 34 431 en 1845 et 30 000 en 1958, date à partir de laquelle cette fonction ne fut plus obligatoire et où les départs en retraite ne furent plus remplacés.
La surveillance des territoires ruraux n’étant quasiment plus d’actualité, si ce n’est pour contrôler les activités agricoles et imposer des dogmes environnementaux coercitifs aux paysans, nos campagnes sont vouées aux pillages et exactions en tout genre. Le retour du Garde champêtre, celui qui servirait non pas à punir l’agriculteur mais celui qui commet des actes délictueux dans nos champs et dans nos villages, serait probablement le bienvenu au sein d’une société où, que ce soit en ville comme à la campagne, la délinquance ne connaît plus aucune limite et agit la plupart du temps en toute impunité.