RN116 : l’Agri a testé la future déviation
Anticipant la fermeture pour travaux de la RN116 à hauteur de Villefranche de Conflent, programmée par les autorités durant 5 jours, probablement la dernière semaine du mois d’octobre (1re semaine des vacances scolaires de la Toussaint), nous avons emprunté les routes départementales (D27, D47, D116) de la déviation obligatoire pour les véhicules légers (V.L.).
Pour rappel cet itinéraire qui passe par les villages de Codalet, Taurinyà, Fillols, Vernet-les-Bains ou Corneilla-de-Conflent est inscrit au plan de gestion de trafic de la RN116 qui doit garantir une circulation sur la nationale 116 car elle nous relie vers deux États voisins. Premier constat, en quittant Prades puis Codalet (communes voisines) en direction de Taurinyà, la route présente un bon revêtement d’asphalte qui semble en très bon état, l’herbe des bas côtés n’est pas très haute, et ce, sur l’ensemble du parcours de “l’itinéraire bis” proposé aux V.L. Le trafic est quasi nul et cette route respire la quiétude des campagnes. Au bout de deux kilomètres parcourus avant d’arriver au monastère de Sant-Miquel de Cuixà, je dois ralentir et m’arrêter pour laisser passer un berger qui mène son troupeau de 110 brebis laitières de race Lacaune au pâturage.
L’inquiétude du berger
Questionné au sujet du flux de véhicules qui va prochainement déferler sur cette départementale D27, Ignasi Civil, berger de Sant-Miquel de Cuixà depuis plus de 25 ans est très amer : “Été comme hiver j’emprunte quotidiennement avec le troupeau cette route une dizaine de minutes pour me rendre sur les pâturages et pour le retour à la bergerie. Faut-il que j’envisage de les laisser enfermées durant les travaux ? Et qui va me dédommager pour les nourrir ? L’herbe que je provisionne n’est que pour les périodes de grand mauvais temps. Si l’afflux de véhicules s’annonce si important, je crains pour mes bêtes, car les usagers de la route ont tendance à aller vite. De plus où sont les panneaux demandés indiquant la présence de passages de troupeaux sur ces routes départementales ? Je ne suis pas le seul éleveur dans ce cas !”
Croisements difficiles dans les villages
Effectivement en reprenant mon chemin, je ne constate aucun affichage signalant une activité animale domestique ou sauvage. Après le village de Taurinyà, les routes (D27 et D47) sont plus étroites. À certains endroits, les croisements avec d’autres voitures sont délicats, voire difficiles quand il faut manœuvrer pour laisser le passage à un camion de plus de 3,5 t arrivant de Vernet-les-Bains. Les croisements difficiles, voire impossibles, avec deux véhicules le sont également au sein des localités traversées comme Fillols, ou bien au niveau du passage de l’église à Corneilla-de-Conflent où le maire, Patrice Arro et ses adjoints sont très perplexes sur le bien fondé de cette mesure avancée par les autorités pour pallier à la coupure de la RN116.
5 000 véhicules par sens de circulation
Selon cet élu : “Vous imaginez le nombre de véhicules jour qui descendent ou montent vers la Cerdagne ? Le chiffre avancé avoisine les 5 000 par sens de circulation ! Nous allons devoir supprimer de nombreuses zones de stationnement sur l’ensemble du parcours pour la traversée du village. J’attends avec impatience la convocation de la réunion d’information avec le sous-préfet de Prades afin de poser la question légitime, que beaucoup d’élus et habitants de la zone se posent. Nous disposons en France d’un corps militaire qui se nomme le Génie, spécialisé dans le déploiement de ponts provisoires. Pourquoi ne pas faire appel à cette unité pour mettre en batterie cette structure juste le temps des travaux ?” De toute évidence la question mérite d’être posée et entendue, car sans être un spécialiste des infrastructures routière, simplement pour avoir parcouru de jour et par beau temps l’itinéraire envisagé, un tel afflux annoncé de véhicules sur ces départementales, ne serait-ce que la moitié, laisse présager de nombreuses complications sécuritaires et environnementales.
Thierry Masdéu