« Il faut stocker l’eau du Rhône pendant l’hiver »

Denis Basserie, président de la Safer, plaide pour que les fonds de la compensation écologique soient transformés temporairement en « compensation hydraulique » pour financer les aménagements dont le département a besoin.

Il y a plusieurs années que l’eau est devenue une composante essentielle du marché du foncier dans les Pyrénées-Orientales. Quel regard jetez-vous sur cet enjeu aujourd’hui capital ?
La situation est critique. Nous sommes dans une impasse et nous n’avons plus aucune visibilité. Je crois qu’il faut travailler rapidement sur le secteur de l’Agly, identifier les zones le long du cours du fleuve où il est, serait, possible de créer des retenues. Créons deux ou trois retenues le long de l’Agly, occupons-nous de la vallée du Tech également… Ça ne coûtera pas cher par rapport aux services que cela rendra !

Où trouver les financements ?
On peut aussi imaginer diriger, au moins temporairement, les fonds de la compensation environnementale et agricole vers de la compensation hydraulique, parce qu’avec l’eau, ce sont bien les agriculteurs qui soignent le paysage. Redirigeons les fonds de compensation de la ligne à haute tension qui fait débat dans le vignoble de Maury. Il y a 1,2 million d’euros et au lieu que chacun regarde dans son coin comment il va pouvoir utiliser cet argent, investissons-le pour sécuriser l’accès à l’eau pour tout le monde… Nous sommes dans une logique de partage de l’eau et nous sommes prêts à trouver des solutions, à mettre du foncier à disposition.

Et l’eau du Rhône ?
Ça aussi, c’est un sujet sur lequel il faut avancer rapidement pour qu’elle arrive jusqu’à nous. L’idée c’est que nous puissions stocker l’eau du Rhône pendant l’hiver, quand personne d’autre ne l’utilise. Et je sais même où nous pourrions la stocker, en particulier sur un terrain de 80 hectares que la Région possède et dont elle ne fait rien… Il en coûterait 220 M€. Mais il faut aussi avancer sur l’interconnexion des ASA, Estagel et Rivesaltes par exemple.

L’autre sujet du foncier, c’est le développement du photovoltaïque et la concurrence avec l’usage agricole des terres…
Oui, mais il faut être réaliste, la crise que nous vivons va faire des dégâts et nous ne pourrons pas sauver tout le monde, alors peut-être est-ce, en effet, le moment de convertir les terres les plus pauvres, celles où l’eau n’arrivera jamais où l’enjeu n’est donc plus agricole, ou encore celles situées sous les lignes à haute tension du côté de Baixas par exemple, à ce type de production d’énergie… Et prélevons une taxe sur ces installations pour financer les aménagements hydrauliques des terres agricoles ou l’eau peut encore arriver.

Où en est le dossier cabanisation ?
Elle ne cesse de prendre de l’ampleur dans le département et particulièrement sur le territoire de l’agglomération de Perpignan. Aujourd’hui, quand elles ne sont pas irrigables, les parcelles se vendent à des particuliers mais à des prix agricoles… Vous n’avez qu’à regarder sur Leboncoin vous verrez des pages et des pages d’annonces… Sans même parler des agents immobiliers qui se saisissent de ce marché pour limiter la baisse de leur activité sur les logements… Pour vous donner une idée précise, sachez qu’en 2023 nous avons préempté 150 fois, dont plus de la moitié, 80 fois exactement, pour motif de lutte contre la cabanisation ! Tout cela à un coût et il faut un acheteur derrière ! C’est pour cela que je plaide pour la constitution d’un pot financier commun au sein de l’agglomération pour permettre aux communes qui n’ont pas les moyens de procéder à ces acquisitions…

Propos recueillis par Yann Kerveno

Une réflexion sur “« Il faut stocker l’eau du Rhône pendant l’hiver »

  • 15 février 2024 à 6 h 35 min
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    Stocker l eau l hiver que du bon sens ,avec toute ces inondations un peu partout on laisse filer l eau â la mer, et là on entend pas les ecolos bobos.

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