Grande distribution : le “sacrifice” et le “bénéfice”… (Par Jean-Paul Pelras)
Les distributeurs disent soutenir les filières agricoles françaises. Mais une fois la crise passée … ?
Paire de ciseaux et capture d’écran. Deux outils dont devraient s’équiper les agriculteurs. Pourquoi faire ? Et bien pour archiver les bonnes intentions publiées ces jours ci par la quasi-totalité des enseignes que compte le secteur de la grande distribution. « Nous soutenons les filières Françaises – Soutenons ensemble l’agriculture Française – Soutenons les éleveurs français … » S’il faut saluer cette prise de conscience, ce sacerdoce, ce dévouement, cette abnégation, osons le mot, ce sacrifice, il faut, par précaution, découper ces articles et ces publicités qui vantent les mérites de notre agriculture, de nos producteurs locaux, de nos entreprises de proximité. Et se dire que, bien sûr, cet élan est sans doute totalement désintéressé… Que demain, quand la fièvre sera retombée, les marchands resteront fidèles à nos paysans … « Soutenons notre agriculture française » : Un slogan qui a de la gueule, vous en conviendrez. Surtout quand ceux qui le proclament ont passé leur vie (hors zone de production car ils redoutaient les contrôles champêtres inopinés) à fourguer de la marchandise importée. Et ce, sans se soucier ni de la façon dont elle était produite, ni comment étaient exploités ceux qui la récoltaient. Alors applaudissons donc des deux mains ces distributeurs qui préfèrent enfin la fraise du Lot et Garonne à celle de Huelva, la tomate du Roussillon à celle d’Agadir, l’agneau de Lacaune à celui de Nouvelle Zélande, la pomme de Montauban à celle du Chili… Mais n’hésitons pas à leur rappeler, dans le même temps, qu’ils sont en grande partie responsables de l’hémorragie agricole française. Une hémorragie savamment entretenue par une hégémonie toujours d’actualité puisque, à l’heure des incertitudes et des cohues, ce sont encore les grandes surfaces qui engrangent les bénéfices tandis que les petits commerçants baissent leurs rideaux. Tandis qu’il faut montrer patte blanche pour tenir un étal sur un petit marché de village, entre un parasol et deux tréteaux. Entre les slogans d’aujourd’hui et ce naturel qui, demain, reviendra forcément au galop. Finalement entre une étrange résolution et une paire de ciseaux.
Oui on s’aperçoit maintenant qu’on peut manger français maintenant après il continue on a acheter a l’étranger la politique de la finance