Glyphosate : le Syndicat des Vignerons de l’Aude hausse le ton
A l’appel du Syndicat des Vignerons de l’Aude, 300 à 400 manifestants, venus de l’Aude, de l’Hérault et du Gard, se sont réunis aujourd’hui, mardi 8 décembre, pour exprimer leur mécontentement face aux restrictions d’utilisation du glyphosate, à compter de 2021, et telles que préconisées par l’ANSES. Ci joint le communiqué que nous a transmis le Syndicat des Vignerons de l’Aude.
Ainsi, après avoir sonné le tocsin et rassemblé plusieurs centaines de manifestants, Frédéric Rouanet, président du Syndicat des Vignerons, a déroulé son discours de revendications tout en dénonçant le rôle joué par l’INRAE et l’ANSES, au mépris des réalités du terrain.
Les manifestants se sont ensuite dirigés vers la gare SNCF de Narbonne pour en bloquer les voies. De fait, ils empêchent le trafic ferroviaire de la ligne Bordeaux-Toulouse > Montpellier-Marseille mais également de la ligne Barcelone > Lyon. Tout le trafic ferroviaire du Sud de la France se retrouve bloqué.
Cette manifestation fait suite à un ras le bol des vignerons, dans un contexte économique particulier en 2020 (taxe Trump, Brexit, crise Covid, agribashing, etc…) et alors que toujours plus d’efforts leurs sont demandés ; sans augmentation de leur rémunération. Depuis plusieurs semaines, le Syndicat des Vignerons de l’Aude avait mené plusieurs actions d’alerte et de sensibilisation.
Vendredi 4 décembre dernier, les vignerons pensaient avoir convaincu le président de la République de la nécessaire sortie du glyphosate, mais de manière supportable pour l’ensemble des acteurs de la filière. L’interview d’Emmanuel Macron, pour Brut, laissait entrevoir une lueur d’espoir pour un accompagnement de la filière viticole, vers l’interdiction définitive, et européenne, de cette substance en 2023.
Mais cette lueur d’espoir a été douchée par le cabinet du ministre de l’Agriculture, qui se refuse à accompagner la filière et persiste à vouloir restreindre de 80 %, l’utilisation du glyphosate à l’hectare, quand le président de la République préconise une première réduction de 50 % en 2021. Ce que le Syndicat des Vignerons se dit prêt à accepter.
Une proposition a également été mise sur la table des négociations : celle d’un crédit d’impôt de 2 500 € par exploitant déclarant ne pas utiliser de glyphosate en 2021 et 2022. Proposition néanmoins refusée au motif qu’un crédit d’impôt n’est pas une aide, alors que tous les vignerons vont souscrire à la réduction de leur utilisation de glyphosate. Et dans un des départements les plus pauvres de France, très peu sont ceux qui peuvent payer des impôts, et ne bénéficieront donc pas de ce crédit.
Dans ce dossier, le Syndicat des Vignerons de l’Aude porte trois revendications :
– Une équité de traitement entre les différentes filières agricoles et les autres utilisateurs, quand les pratiques, les situations d’impasses techniques et les alternatives sont partagées.
– L’interdiction de l’utilisation du glyphosate, à la seule et unique condition qu’un produit alternatif de substitution soit proposé, avec un coût et une efficacité identiques.
– L’arrêt de cette terrible distorsion de concurrence au profit des autres pays européens, qui mine la compétitivité des vins français – dont le monde entier vante l’authenticité et nous envie la qualité – face à des vins étrangers qui font fi des restrictions françaises.