Quelle vendange cette année ? [par Yann Kerveno]
Il a plu fin juillet, mais pour de nombreuses zones, c’est bien trop tard.
C’est peu dire que les pluies du 27 et 29 juillet auront fait du bien. On a relevé une bonne vingtaine de millimètres sur Maury, 23 mm à Banyuls, une trentaine sur Saint-Paul de Fenouillet. Quelles perspectives peut-on tracer à quelques encablures du début des vendanges ? L’année sera marquée par plusieurs mots-clés, sécheresse, hétérogénéité, complexité, mortalité… Difficile toutefois de faire des prévisions sereinement quant à la prochaine vendange tant les situations sont différentes d’un terroir à l’autre. “En gros, le département est coupé en deux : les zones où il a plu, la vallée de l’Agly, la côte Vermeille, les endroits où il n’y a rien eu, la plaine et tout le secteur de Rivesaltes” résume Olivier Barberousse de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Du côté de Saint Paul ou Caudiès, il y a eu de l’eau et même une pression de mildiou alors qu’à l’Est de Case-de-Pène, c’est resté complètement sec. “Avec 23 mm jeudi soir, nous arrivons à 27 mm pour ce mois de juillet” se félicitait Romuald Peronne, président du cru Banyuls, “d’habitude, le mois de juillet se termine ici plus généralement autour de 14 mm, cela devrait nous amener à la vendange sans trop tirer sur les vignes déjà éprouvées.” Même soulagement à Maury où Aurélie Pereira, présidente de la cave et du cru, estimait qu’un “bon pas avait été fait vers le sauvetage de la vendange.” Ailleurs, l’eau est arrivée trop tard pour changer la donne.
Après le 15 août
“Les vendanges ne devraient pas commencer avant le 15 août” estimait Olivier Barberousse le 28 juillet. Les questions sont nombreuses d’ailleurs autour de la maturité. Comment les raisins vont-ils mûrir avec si peu de végétation développée au printemps, faute d’eau ? “Il y a eu des situations de blocage un peu partout.” C’est un peu un saut dans l’inconnu. La seule chose qui ne fait guère de doute, c’est la faiblesse de la vendange qui sera probablement en dessous du minimum historique de 2021 tant les baies sont petites.
Au-delà de la vendange, l’hiver ne sera pas facile à passer. “On ne sait pas si les mortalités de ceps seront importantes, mais on aura sûrement pas mal de problèmes avec des bras de vignes morts et une taille compliquée, faute de bois” ajoute Olivier Barberousse. Et une avalanche de mortalité si d’aventure l’automne venait à être aussi sec que le précédent.