Gauche ? Droite ? [par Liliane Doger-Ledieu]

Et dire que tout a commencé à la révolution française de 1789 ! À l’époque où Louis XVI commençait à se sentir mal dans ses baskets. États généraux, prise de la Bastille et j’en passe… Comment gouverner la France après ça ?

Deux camps s’opposent. L’un qui veut continuer comme avant (le roi décide seul), donc restaurer la monarchie, et l’autre qui veut des discussions citoyennes, donc instaurer la monarchie constitutionnelle. Tout ce beau monde (Clergé, Noblesse, Tiers-États) se rassemble pour voter en Assemblée nationale. Et comme ils sont très nombreux, on met les partisans de la monarchie constitutionnelle à gauche de la tribune et ceux de la monarchie restaurée, à droite.
Au fil du temps, les défenseurs des libertés individuelles se sont dits de gauche et les contre-révolutionnaires royalistes, de droite.
Puis, des oppositions d’idées naquirent au sein de chaque camp. Les gens de gauche eurent des différends entre eux et même chose pour les gens de droite. Voilà comment on se retrouve avec plusieurs gauches et plusieurs droites. Preuve qu’être de gauche ou de droite n’est pas une réalité fixe. Pas facile de se définir de gauche ou de droite, si tant est qu’on veuille le faire !
On est de gauche ou de droite par rapport à un contexte, un thème, un acteur géographique, etc.

Cette citation de Etienne Schweisguth me fait sourire : “Pour qu’une position soit de gauche, il n’est pas nécessaire qu’elle se situe à gauche de manière absolue, il suffit qu’elle se situe plus à gauche que la position de droite et vice-versa.”
Il faudrait, pour arriver à faire un choix éclairé, une remise à jour conceptuelle dans cette période où le brouillage des catégories de gauche et de droite atteint un point inédit. Nombre de nos politicards, et au premier chef notre président actuel, capitalisent sur ce type de confusion. On confond gauche et droite avec les institutions qui s’en prétendent représentatives. Certains partis, pour ne pas dire tous, se déclarent de gauche ou de droite et n’ont en fait plus aucun rapport avec ce qu’ils sont censés représenter.

Dans les deux camps, chacun fait son beurre

Et il y aurait aussi pas mal à dire sur tous ces chanteurs et autres artistes soi-disant “de gauche” qui se permettent d’insulter ceux qui soi-disant font des chansons “de droite”. Qu’on se rassure, dans les deux camps, chacun fait son beurre (avec plus ou moins de talent) puis regagne ses pénates après un concert ou un enregistrement. Pénates qui n’ont pas grand-chose à voir avec les logements trois pièces qu’occupent généralement les fans qui contribuent à grossir leurs comptes en banque. Ajoutons à cela que nombre d’entre eux se voient distribuer des dizaines de milliers d’euros pour “les dépenses consacrées à la création artistique”. Distribution d’ailleurs dénoncée cette année par la Cour des Comptes. L’État ne demande pas, pour l’attribution de ces sommes, si les bénéficiaires sont de droite ou de gauche…
Je termine par cette citation de José Ortega y Gasset qui, elle, me plaît bien : “Être de gauche ou être de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile ; toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale.”

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