Et ils voudraient, en plus, nous apprendre à compter ! (Par Liliane Doger Ledieu)
Ça fait combien de temps qu’on nous impose, qu’on nous met devant le fait accompli ? Entre autres, l’arnaque, le casse du siècle, j’ai nommé l’euro. Je ne sais pas vous, mais moi, depuis le passage à l’euro, je n’ai jamais cessé de faire la conversion en francs. Je me souviens de ce 17 février 2002 où je me suis rendue au distributeur de monnaie pour y retirer, à mon corps défendant, des euros. J’attends mes billets avec un mélange d’amertume et de suspicion. Voilà ! Je m’en doutais, en plus ils sont moches ces billets !
Depuis plusieurs mois déjà les étiquettes dans les magasins arboraient le double affichage permettant la conversion des euros en francs et vice-versa. Par contre, dès la mise en place officielle de la monnaie européenne universelle, on nous a subitement déconseillé de continuer à faire mentalement cette conversion. Tu m’étonnes ! Traduire les euros en francs mettrait un peu trop en évidence les augmentations exponentielles qui s’ensuivraient. J’ai en mémoire Montolieu, ce joli petit village, cité du livre d’occasion, où les chiffres ne furent pas modifiés sur les étiquettes lors du passage à l’euro. On trouva sans doute plus simple de remplacer le F par un E et basta.
Hélas, la hausse des prix n’a pas touché que les livres. (Dommage, “ils” auraient pu alors nous parler déjà des “non essentiels”)… Quand l’étal du boucher affiche plus de 30 € le kilo d’entrecôte et qu’on est quatre ou cinq à la maison, on achète du jambon. Et encore ! Parce que, sans nitrites, on est quand-même aux alentours de 25 € le kilo ! À ce propos, la proposition de loi interdisant les nitrites, pourtant déclarées cancérigènes par l’agence sanitaire ANSES, a été purement et simplement rejetée par un vote à l’Assemblée nationale le 6 avril dernier. Cherchez l’erreur…
Inflation “ressentie”
Aujourd’hui, on aimerait bien avoir l’optimisme de notre ministre de l’Économie qui évalue joyeusement l’inflation à 6 %, mais quand pour un panier qui coûtait 120 € il y a quelques mois on doit maintenant débourser 150 € ou délester son cabas, on n’a pas tout à fait le même ressenti ! Et si ce chiffre de 6 % est officiel, il concerne l’ensemble de tout ce qui peut s’acheter. Pour ce qui est de l’alimentation et des produits de première nécessité, on est bien à 30 %. Sûrement un oubli de précision de la part de ce cher Bruno Le Maire ! Sacré Nono ! Perturbé sans doute, encore tout émoustillé de s’être découvert un talent pour les “romances” érotiques… Donc, notre brave Nono s’est fixé des objectifs : faire tomber l’inflation à 4 % fin 2023 et 2 % courant 2024. Mais attention, il a bien prévenu : “Tout pourrait voler en éclat en cas de crise. Il suffit que la crise dégénère en Ukraine (tiens donc !) pour que tous ces chiffres volent en éclat. Il suffit qu’il y ait une crise majeure en Chine pour que tous ces chiffres volent en éclat. J’en ai conscience, donc je les donne avec prudence.” Autrement dit, que du vent ! Coluche aurait dit : “Quand on n’a rien à dire, on ferme sa gueule”.
Y’a pas à dire, on est quand-même vernis question “élites”, entre un psychopathe en chef faisant bombance quand le peuple est dans la rue, les bras d’honneur d’un ministre de la Justice soutenu par des collègues corrompus jusqu’à l’os, une secrétaire d’État dans Playboy, un ministre de l’Économie qui donne dans la littérature érotique, et divers politiques qui nous la font “à l’Américaine”, ravis d’être invités sur les plateaux télé pour des émissions débiles, dites de divertissement.
À force d’être estomaqués, écœurés, à force de répéter qu’on n’a jamais vu ça chaque fois que nos “élites” devenues le rebut, la lie de la France, nous sortent un grenouillage, il va bien falloir que ça bouge pour de bon !