Élevage : grogne contre les prix trop bas

Les syndicats agricoles accusent les abatteurs de profiter de la crise pour tirer les prix vers le bas.

C’est peu de dire que le torchon brûle entre le monde de l’élevage et les abatteurs. En cause, le prix des animaux, réglé pour l’heure sous le coût de production. La Fédération nationale bovine, accompagnée de la FNSEA, des Jeunes Agriculteurs et de la Confédération paysanne, a même appelé à faire de la rétention d’animaux dans les fermes. C’est-à-dire à tarir les flux vers les abattoirs. La Fédération nationale bovine accuse les abatteurs d’avoir provoqué une psychose chez les éleveurs pour qu’ils déstockent massivement leur bétail et fassent plonger les prix. Sans qu’à la sortie le prix au consommateur recule d’un centime. Dans l’Aveyron, la FDSEA indique que le kilo de vache a perdu 30 centimes depuis le salon de l’agriculture de Paris et le début de la crise du coronavirus. Le syndicat aveyronnais précise que la viande était ainsi réglée 4,10 € du kilo, alors que le coût de revient des éleveurs est calculé à 4,89 €. Dans les linaires de la grande distribution, l’heure n’est pas à la pénurie en dépit de la très forte demande provoquée par le confinement. La vente de steaks hachés a progressé de 24 % en frais et 60 % en surgelé.

Un tiers des débouchés en moins
Mis en cause, les abattoirs font valoir la perte d’un tiers de leurs débouchés en raison de la fermeture de la restauration collective et commerciale. La FNB répond que, depuis début avril, pourtant, le niveau des abattages a retrouvé ses chiffres habituels. En Cerdagne, la coopérative catalane des éleveurs a rencontré des soucis au début de la crise sur les veaux rosés, une production très particulière à la région. “Nous essayons en ce moment de faire partir quelques veaux sur l’Espagne, si nous parvenons à surmonter les difficultés administratives” précise Tony Baurès. Il faudra d’ailleurs trouver une destination pour ces animaux qui continuent de grandir dans les étables. Pour les vaches, la demande locale, tirée par la consommation à domicile, reste soutenue. Et les prix s’accrochent, en particulier grâce aux différentes démarches de qualité mises en place par les éleveurs catalans.

Yann Kerveno

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