Écologie : que les syndicats agricoles fassent leur boulot ! (Par Jean- Paul Pelras)

Défendre les paysans. En voilà une idée suicidaire à en juger par les commentaires haineux qui fleurissent, un peu partout, sur le Net dès que l’on ose contredire la doxa environnementaliste ou dès que l’on essaye d’expliquer ce que l’agriculteur vit au quotidien. Cet agriculteur qui, au-delà des problèmes qu’il rencontre quand il doit faire face aux intempéries, aux méventes, aux prédations sur les cultures ou dans les élevages doit, depuis quelques années, se justifier à tout bout de champ. Se justifier, c’est également ce que doivent faire les journalistes ou les éditorialistes qui dénoncent l’acharnement dont le monde paysan est victime. Récemment j’ai même relevé sur les réseaux sociaux la phrase suivante : “L’Agri est devenu le bulletin intérieur de toute la « beauferie » pétainiste-maurassienne de la dernière guerre”. Notons que l’abruti, de toute évidence un pseudo catalaniste du cru, qui a écrit ces conneries, bien évidemment diffamatoires, avance courageusement masqué car équipé d’un pseudo le tenant à distance des retours de flamme.
Journalistes, éditorialistes, chroniqueurs, depuis quelques temps, nous en prenons plein la gueule, que ce soit dans L’Agri et, en ce qui me concerne, sur les forums des publications nationales auxquelles j’apporte régulièrement ma contribution. Et, toujours derrière ces mots doux des inconnus qui traitent les paysans de pollueurs, d’empoisonneurs, de rentiers, qui leur reprochent de jeter quand ils ne peuvent pas vendre, de vendre trop cher quand ils le peuvent, qui ne jurent que par le bio, le circuit court, le coquelicot et le chant des petits oiseaux. Résultat des courses, il y a des jours comme ça où l’on a envie de dire aux agriculteurs et a ceux qui pensent un peu trop facilement que nous sommes faits pour passer devant : “Après tout, maintenant démerdez-vous !”.

Ou en moins de 5 ans l’affaire sera pliée !
Oui, il y a des jours comme ça, parce que ça fait des années qu’on fait le job sans le moindre soutien de leur part, où l’on a envie de dire aux responsables syndicaux : “Faites votre boulot !”. Faites votre boulot au lieu d’applaudir des deux mains quand un ministre nouvellet venu des villes pour s’occuper des champs est désigné pour gérer votre quotidien en binôme, car se sera la triste réalité, avec la ministre de l’Environnement. Faites votre boulot, car les écologistes sont en train de retourner la société.
Nous l’avons vu avec la lettre à Binoche et De Niro qui suscita, certes, énormément de réactions positives, mais aussi beaucoup de courriers prenant la défense des artistes. Nous le voyons ces jours-ci avec l’article qui dénonce les propos de Hulot souhaitant mettre le ministère de l’Agriculture sous tutelle du ministère de l’Écologie. Là encore, les propos peu amènes se succèdent avec des interlocuteurs souvent anonymes qui défendent, bec et ongle, le ministre animateur de télévision. Une télévision qui, de Karine Le Marchand à Audrey Pulvar, s’ingère dans le débat champêtre. La première comme marraine du Grand débat agricole initié par l’État en mars dernier, la seconde comme adjointe à l’agriculture auprès d’Anne Hidalgo. Cette agriculture qui est devenue un marche pied politique car les paysans sont des proies débordées de travail, qui n’ont ni le cœur à répondre, ni le temps de riposter.
Si les syndicats FNSEA-JA et Coordination rurale ne prennent pas rapidement la mesure de cette menace dans les proportions médiatiques qui s’imposent, en moins de 5 ans l’affaire sera pliée. Et malheur à celles et ceux qui auront encore l’audace de dire ou d’écrire que le paysan n’a pas été écouté.

Jean-Paul Pelras

2 réflexions sur “Écologie : que les syndicats agricoles fassent leur boulot ! (Par Jean- Paul Pelras)

  • 14 juillet 2020 à 7 h 34 min
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    Je partage à 300% cet édito. Je suis révolté de voir la molesse des positions du syndicat majoritaire face aux attaques incessantes dont nous sommes l’objet. La politique des petits pas a ses limites. Quant, à l’annonce de la fin du glyphosate par Macron, Christiane Lambert répond “nous avons besoin de temps”, sa réponse est inappropriée. Ou bien le glypho est nocif et il faut l’interdire (aussi pour les produits importés) ou bien il ne présente aucun risque et il ne faut pas l’interdire. Cette position était la seule tenable, devant les pouvoirs publics comme devant la société.

    Cet exemple, nous pouvons le mutiplier par mille. Le mauvais procès que nous fait une société manipulée par des minorités militantes est suicidaire et la réponse de nos structures est lénifiante !

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  • 15 juillet 2020 à 1 h 34 min
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    Au moins deux syndicalistes ont fait leur boulot pour défendre leur vision de l’agriculture: Serge Bousquet-Cassagne et Patrick Franken de la CR 47. La justice les a condamnés dans l’affaire du lac de Caussade. Aujourd’hui les écolos ont gagné. Faisons que ce ne soit que provisoire!

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