Eau : dernier avertissement ? (Par Yann Kerveno)

Si le calme a prévalu vendredi matin sur la N116 à l’occasion de la manifestation organisée par la FDSEA et le JA, c’était peut-être la dernière fois.

Environ 250 personnes, une bonne soixantaine de tracteurs dont beaucoup attelé à des remorques pleines de terres et de pierres, ont paralysé la nationale 116 ce vendredi matin à partir de 7 h 30 et jusqu’à la mi-journée. Parti de Perpignan, le cortège s’est gonflé au fil du chemin qui l’a conduit jusqu’à Vinça. Une première action a consisté à bloquer les accès au barrage, puis des dépôts de terre et de pierres ont été réalisés directement sur la nationale, empêchant tout trafic le long des tracteurs arrêtés sur la route. David Massot, Bruno Vila, Pierre Hylari et Fabienne Bonet se sont ensuite succédés sur la remorque pour faire passer les messages essentiels. Appel à la solidarité entre agriculteurs pour David Massot et à s’entraider entre voisin. « Comme l’ont fait les agriculteurs du Haut Conflent qui ont accepté mercredi de laisser passer un peu plus d’eau pour la plaine. »

Bruno Vila prévenait lui que cette manifestation était peut-être la dernière à se tenir dans le calme. « Si nous ne pouvons pas produire cet été, nous n’allons pas non plus regarder passer les camions venant d’ailleurs sur l’autoroute. » L’idée étant, comme souvent, que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, comme les agriculteurs cerdans soumis à restrictions pour leurs prélèvements dans le Sègre alors que leurs voisins espagnols n’ont aucune contrainte trois kilomètres plus bas.

Référé.

Si les préoccupations sont aujourd’hui pour le court terme et cette pluie qui ne vient pas, la question du passé fut de nouveau posée par Bruno Vila. Celle de ce qui n’a pas été fait ces quinze dernières années, celle des modalités de gestion du barrage de Vinça. La manifestation a d’ailleurs déposé une plaque en l’honneur de Léon-Jean Gregory, « élu visionnaire qui œuvra à l’édification du barrage de Vinça, avec la reconnaissance du monde agricole. » Par ailleurs, Fabienne Bonet a annoncé le dépôt d’un recours en référé demandant la suspension de l’arrêté préfectoral du 5 avril qui réduit les débits réservés de la Têt à 1 000 litres au point T6. L’Agri s’en est fait l’écho la semaine passée, cet arrêté a considérablement modifié le planning des canaux en réduisant drastiquement le nombre de jours durant lesquels l’eau peut circuler. La Chambre d’agriculture est accompagnée dans cette démarche par neuf canaux, l’Association des canaux à l’aval de Vinça et 150 agriculteurs à titre individuel. Vendredi midi on ne connaissait pas encore la date de l’examen de ce recours. Mais tout reste pour l’instant suspendu au prochain Comité sécheresse, prévu le 27 avril prochain. C’est à cette date que le préfet, après avoir étudié les propositions d’économies de chacune des filières économiques du département et celles des communes, si la situation implique un passage en crise, dernier clou sur un cercueil déjà bien plein.

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