Prison : Arnaud de Villeneuve joue la montre [par Yann Kerveno]

La cave coopérative de Rivesaltes a appelé ses adhérents à une nouvelle mobilisation devant la mairie de Rivesaltes pour protester contre le projet de nouvelle prison. Mais le joker n’est peut-être pas là.

Le diable se niche souvent dans les détails, surtout quand ceux-ci ont peut-être été cachés. C’est en substance, et sur le fond, ce qui a motivé le recours déposé avant l’été par Arnaud de Villeneuve devant la justice. Le détail, c’est une emprise foncière, l’ancienne voie de chemin de fer qui reliait les actuels bâtiments de la cave au réseau. Une grosse dizaine de milliers de mètres carrés, a priori inutiles, dont il fut suggéré à la cave de se séparer au moment du rachat des bâtiments. Pour en diminuer, c’était louable, le prix. Mais le hic, c’est le calendrier, qui ne semble pas devoir grand-chose au hasard en l’espèce. “Lorsque nous avons négocié pour le rachat anticipé de bâtiments, acquis à notre profit par Perpignan Méditerranée dans le cadre d’un atelier relais, en 2019, il n’a jamais été question de l’implantation de la prison à côté de nos installations. Et ce, alors que l’établissement immobilier de la justice nous a confirmé que la décision d’implantation de la nouvelle prison à cet endroit avait été scellée au mois de janvier, quand nous avons conclu notre négociation en juillet” raconte Brice Cassagne, président de la coopérative.

Mais ce n’est pas tout et nous en arrivons au détail… Lors de la négociation, alors que le projet de prison est déjà connu de l’agglo, et pour limiter le prix de l’achat par la cave, Perpignan Méditerranée a proposé à Arnaud de Villeneuve de soustraire l’emprise de cette ancienne voie ferrée, devenue un des principaux chemins d’accès à la cave depuis les vignes alentour et la traverse qui relie Rivesaltes à Salses.

“Tromperie”

C’est cette “tromperie” que la cave coopérative entend faire reconnaître, et condamner, par le tribunal puisque, selon l’analyse des vignerons, cette ancienne voie traverse l’emprise foncière de 18 hectares prévue pour l’établissement de la nouvelle prison. Déposé en juin, le recours doit parvenir une première fois devant le tribunal en janvier prochain. “Il est clair que si nous avions été informés du projet de vente des terrains annexes à la justice pour y construire une nouvelle prison, nous n’aurions pas accepté de délaisser cette portion de foncier” précise Brice Cassagne. “Parce que cela aurait contraint l’administration de la justice à procéder à des expropriations coûteuses en temps. Et le temps, ils n’en ont pas puisque la nouvelle prison doit être livrée en 2026 ou 2027…” Et d’espérer une décision favorable du tribunal.

Pour le reste, Brice Cassagne répète les arguments largement évoqués depuis deux ans pour protester contre le projet. Les problèmes potentiels de sécurité, d’intrusion au sein d’une unité industrielle, les problèmes de nuisances en particulier liés à la proximité de la station d’épuration de la cave. “Pour toute réponse, il nous a été proposé de construire autour du site un muret anti-bélier en béton surmonté d’une clôture de 3 mètres de haut se terminant en Y avec d’un côté une clôture électrique et de l’autre des barbelés” détaille-il. “Si nous ne recevons pas de public sur le site puisque nos quatre boutiques sont ailleurs, c’est quand même le lieu où nous recevons les agents commerciaux et ceux qui sont chargés de vendre nos vins et donc notre image…” Lundi après-midi, les vignerons d’Arnaud de Villeneuve sont donc allés faire entendre leur voix auprès du commissaire enquêteur, comme ils l’ont déjà fait il y a quelques mois, à la mairie de Rivesaltes.

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