Couvre-feu : leur chiffre d’affaires part en fumée ! [par Thierry Masdéu]
Après un mois de couvre-feu généralisé à 18 h 00, bon nombre d’artisans et commerçants des métiers de bouche “autorisés” commencent à quantifier les effets néfastes pour leurs activités. Allant presque jusqu’à regretter les confinements passés et les contraignantes attestations de sorties.
Décriée également par une majeure partie de leur clientèle, cette mesure horaire de fermeture anticipée commence à générer des inquiétudes financières chez ces commerçants que les conséquences de la crise sanitaire avaient jusqu’à présent relativement épargnés. C’est le cas de l’établissement “Pizza Mermoz” à Perpignan, que dirige depuis 22 ans avec sa compagne Catherine, Walter Burrallo. “Depuis ce nouveau couvre feu à 18 h 00, c’est 70 % de notre chiffre d’affaires qui part en fumée, pour la simple et unique raison que le coup de feu de l’activité quotidienne se situe entre 18 h 30 et 21 h 00 ! Quand il était à 20 h 00, on arrivait encore à sauver les meubles, mais là, c’est presque la mort assurée !” En colère, Walter évoque le sort de deux de ses confrères : “Vous savez ? Il y a déjà deux pizzaïolos sur Cabestany qui ont fermé, tiré le rideau, parce que cela ne sert strictement à rien d’ouvrir à 17 h 00 pour fermer à 18 h 00 ! On se demande si on va pouvoir s’en sortir, on ne sait pas où on va et où veut en venir ce gouvernement ?” Évoquant l’éventuelle possibilité de mettre en batterie une flotte de livreurs ou faire appel à une plateforme de livraison de repas à domicile, le pizzaïolo est catégorique : “Cela n’est pas envisageable pour toutes les structures. Assumer des investissements en scooters, embauches de livreurs ou bien s’acquitter de commissions à 33 % sur les pizzas plus des frais compris entre 2 € à 6 € selon les lieux de livraison, pour nous, tout ça est hors de prix !” Pour tenter de pallier à cette difficile épreuve, le couple a même entrepris la suppression des journées et horaires de fermetures, proposant désormais un service non stop de 11 h 00 à 18 h 00 et 7 jours sur 7. Efforts qui ne remportent pas, vu la nature du produit vendu, un réel succès.
“Être obligé de mettre les gens dehors, c’est inconcevable…”
Sur la même avenue Jean Mermoz, règne aussi un constat d’incompréhension chez “Bruno“, l’artisan boucher charcutier. Bien qu’il n’accuse pas une baisse aussi importante que le pizzaïolo, il commence à s’en inquiéter. “18 h 00 c’est bien trop tôt ! Être obligé de mettre les gens dehors, c’est inconcevable. 19 h 00 ou 20 h 00 ça aurait plus de sens !” S’indigne Bruno Charvoz, tout en servant ses derniers clients de l’après-midi : “Avec leur travail, il y a des personnes qui n’ont pas la possibilité de venir acheter plus tôt, alors, quand ils arrivent, je les sens stressés, il faut qu’ils se dépêchent et je ne peux pas les servir tranquillement ! Par contre il y en a d’autres qui ne viennent plus et dans mon organisation de production je suis obligé de travailler au jour le jour et sur commandes !” Face à ce tourbillon de décisions sanitaires, les dirigeants des petits commerces de proximité ne cachent plus leurs lassitudes et agacements, comme pour ce couvre-feu dont ils ont toujours du mal à bien comprendre le côté judicieux de la mesure. Pestant sur cette consigne sanitaire, qui pour eux ne fait qu’augmenter, à l’approche de l’heure fatidique des libertés de déplacements, une agglutination de personnes dans les boutiques et les transports.
Contacts :
Pizza Mermoz : 04 68 50 15 55
Chez Bruno : 07 61 31 04 42