Convention Climat : la grande imposture !

Quand, en mars dernier, les pouvoirs publics nous ont demandé de remplir nous mêmes nos autorisations de sortie, nous aurions du nous douter de quelque chose. Et, dans le même temps, prendre la mesure de notre docilité, de notre capacité à nous résigner. Et voilà que quelques semaines plus tard, après nous avoir fait le coup du Grand débat en 2019, le gouvernement vient donc de lancer sa Convention citoyenne sur le climat en invitant 150 personnes tirées au sort à fournir 150 propositions. Étrange habitude prise par l’État qui consiste à consulter toutes les cinq minutes et à déléguer quelques portions de pouvoir qu’il reprend dès que les copies sont restituées.
150 élèves, 150 propositions. Un compte rond en quelque sorte, suffisant, bien calibré, avec lequel nous devrons composer alors que 67 millions d’individus attendent à la porte, alors que ce ne sont peut être pas les bonnes propositions, alors que d’autres sujets sociaux ou économiques sont au cœur de nos préoccupations. Alors que les Français n’attendent pas des questions, mais plutôt des réponses.
Ou comment renverser une situation avec des conventions placebo (comme le fut d’ailleurs la loi Egalim). En médiatisant un leurre démocratique qui finira dans les placards de l’histoire, soigneusement rangé à côté de ces cahiers citoyens ayant servi à occuper ceux qui pensent que les lettres au Père Noël finissent toujours par arriver. Mais voyons un peu ce que ces pastoureaux sagement installés derrière leurs pupitres nous ont mitonné du côté du Conseil économique et social où ils ont eu, privilège suprême pour des citoyens lambda, l’honneur de siéger. Dans le désordre, nous trouverons la rénovation énergétique des bâtiments avec une panoplie de mises aux normes qui risque d’être moyennement appréciée par les intéressés puisqu’il est question de contraindre les propriétaires occupants et bailleurs à rénover leurs biens de manière globale. “Contraindre”, un mot dans l’air du temps employé ici par ceux qui ont enfin, au moins sur le papier et une fois dans leur vie, la possibilité de contraindre les autres. Quelque part entre cette expérience de Milgram qui en dit long sur la soumission à l’autorité et l’illusion que peut procurer une éphémère supériorité.

Un peu plus, un peu moins, autant tout bazarder…
Dans le désordre, nous trouvons ensuite, proposé par ceux qui sont forcément équipés d’une solide expertise dans le domaine agricole : “Atteindre 50 % d’exploitations en agroécologie d’ici 2040”. Ou encore “diminuer l’usage des produits phytopharmaceutiques de 50 % d’ici 2025”, “réformer l’enseignement et la formation agricole, « imposer » des stages dans des exploitations qui appliquent les méthodes de l’agroécologie”, “transformer l’attribution des aides à l’hectare de la PAC vers des aides à l’actif agricole.” Avec cette éventualité, en moins d’un an, la ferme France deviendrait un immense champ de genêts. Mais bon, un peu plus, un peu moins, autant tout bazarder.
Arrivent ensuite : “Mettre en place des mentions pour inciter à moins consommer.” Comme si nous n’étions pas assez grands pour savoir ce que nous devons manger. “Réduire les incitations à l’utilisation de la voiture en réformant le système d’indemnité kilométrique de l’impôt sur le revenu.” Ceux qui vivent loin de leur lieu de travail auront donc le choix entre casquer et déménager. “Réduire la vitesse sur autoroute à 110 km/h maximum.” Mesure franco-française qui devrait, sans aucun doute, accroître notre compétitivité. “Imposer un suivi régulier de la formation des chauffeurs à l’écoconduite.” Les routiers apprécieront cette sujétion supplémentaire. “Moduler les taxes sur les contrats d’assurance en fonction de l’émission de CO2 pour encourager les véhicules propres.” Ceux qui n’ont pas les moyens n’auront qu’à s’adapter. “Réduire le temps de travail sans perte de salaire dans un objectif de sobriété et de réduction de gaz à effet de serre.” Un peu comme au pays des Bisounours finalement, travailler moins pour gagner autant.
Et enfin, pour en finir avec ce florilège de bonnes intentions citons “Le développement de l’autoconsommation”. Là, j’avoue ne pas avoir bien compris. À moins qu’il ne s’agisse d’une référence au Catoblépas, monstre antique qui ne parvenait plus à relever la tête et qui selon Flaubert (ou Barjavel) se dévora les pattes sans s’en apercevoir. Nous y venons. Quitte à nous rendre complices du pouvoir.

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