Conseil Interprofessionnel des Vins du Roussillon : malaise profond ! [Par Yann Kerveno]

C’est une première, l’assemblée générale du CIVR n’a pas pu se tenir ce matin, faute de quorum. La production a refusé de siéger, faute d’être entendue.

Est-ce un scénario à la languedocienne qui se joue au sein du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon ? Si les rumeurs de divorce des uns ou des autres circulent à bas bruit dans le vignoble depuis des mois, au moins pour Banyuls et les Côtes catalanes qui ont officiellement posé la question, la tension est montée d’un cran ce mardi 27 juin alors que le CIVR devait tenir son assemblée générale. “Nous avons demandé à rencontrer le président de l’interprofession avant l’assemblée générale mais il n’a pas souhaité nous recevoir” explique Laurent Girbau, président de l’organisme de gestion (ODG) de l’IGP Côtes Catalanes. Une demande d’entrevue conçue par la production comme une main tendue pour lever d’éventuels malentendus… “L’interprofession a pour vocation de s’occuper des signes de qualité du département mais ne nous y reconnaissons pas” ajoute Philippe Bourrier. “Comment peut-on co-construire un budget pour faire boire plus de vins du Roussillon aux consommateurs alors que les actions qui sont aujourd’hui engagées ne nous semblent pas répondre à cet enjeu ?”

“Les méthodes du président et du négoce en général laissent à désirer”

“Les méthodes du président et du négoce en général laissent à désirer” pilonnait pour sa part Jean-Philippe Mari, président des Côtes du Roussillon “puisque visiblement ils ne souhaitent pas discuter avec la production. Nous voulions marquer le coup en pensant que le président serait à l’écoute mais ce n’est donc pas le cas.” Difficile de deviner ce qui pourra survenir maintenant… “Nous ne voulons pas d’une situation semblable à celle du Languedoc” rappelait Laurent Girbau.

“Nous sommes ouverts à la discussion mais il est quand même très étrange, et c’est significatif, qu’aucun des présidents d’ODG ne soit physiquement présent ce matin à l’assemblée générale du CIVR, c’est bien le signe qu’il y a un malaise profond” expliquait pour sa part Guy Jaubert, président des Vignerons Indépendants des Pyrénées-Orientales. “Notre volonté n’est pas de casser l’interprofession, mais si nous devons en passer par là pour construire quelque chose de nouveau, alors nous casserons le jouet” ajoute Romuald Péronne, président de l’ODG Banyuls Collioure. Une nouvelle assemblée générale doit maintenant être convoquée, sans quorum.

En Languedoc, le CIVL est aussi dans la tourmente

De l’autre côté de la Font Estramar, le Conseil interprofessionnel du Languedoc vit aussi des heures difficiles. Lors de son dernier conseil d’administration, le jeudi 22 juin dernier, l’appellation Corbières a fait le choix de sortir de l’interprofession. “Nous avions dénoncé l’accord le 1er juillet 2021 et les commissions de conciliation n’ont rien donné. Le président du CIVL, Christophe Bousquet, n’a pas pris le soin de m’appeler pour discuter. Nous ne nous retrouvions pas dans les projets de l’interprofession, cela fait vingt ans que les mêmes questions se posent et, en 20 ans, Corbières est passé de 700 000 hectos à 280 000 hl” justifie Olivier Verdale, président de l’appellation audoise.

C’est donc par 22 voix pour et 12 contre que le conseil d’administration a voté la sortie, elle sera effective au 31 décembre prochain. D’ici là, “nous allons nous voir avec Minervois et Fitou, qui est sorti il y a quelques semaines, pour voir ce que nous pouvons envisager de faire ensemble.” Contacté lundi 26 juin, Christophe Bousquet n’a pas souhaité s’exprimer avant d’avoir été “officiellement notifié de la décision de l’ODG Corbières.”

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