Consciences !

Parce que nous avons clairement affiché notre position concernant la présence d’importateurs concurrents au salon Medfel (fruits et légumes en Méditerranée) qui se tient chaque année depuis une décennie à Perpignan, certains critiquent notre ligne éditoriale et prétendent, à voix basse, que nous allons à contrecourant de l’histoire. Mais de quelle histoire parle-t-on ? Si ce n’est de celle où nos maraichers et nos arboriculteurs ont vu disparaitre leurs biens, leurs terres, leur patrimoine et leur avenir dans cette déferlante qui emporta tout sur son passage en moins de trente ans, tout simplement car les règles du jeu n’étaient pas équitables. Quand ils n’ont pas capitulé, parce que les agriculteurs des P.-O. et plus globalement ceux du Midi de la France n’ont pas été défendus par leurs représentants nationaux, ils ont été malmenés sur leurs marchés traditionnels. En échangeant des exportations de céréales contre des importations de fruits et légumes, la manœuvre géopolitique consistait à fixer les populations au Proche et Moyen Orient tout en leur assurant, du moins jusqu’au Printemps arabe, une certaine sécurité alimentaire. Et ce, bien sûr, en fournissant des denrées qui n’auraient pu être, déficit hydrique oblige, produites au Maghreb. D’où ce terme employé consécutivement à la ratification du Traité de Rome pour signifier ces échanges : “Eaux virtuelles de la Méditerranée”. Voilà pour l’histoire telle qu’elle fut écrite et telle qu’elle est encore rédigée dès qu’il s’agit de juguler certaines tensions, alors que mademoiselle Trump et monsieur Netanyahou festoient sur le tapis rouge sang d’une ambassade au demeurant très contestée.

Le privilège de voyager à 9 000 mètres d’altitude avec un chef d’État ou aux côtés d’un ministre.

Arrivent ensuite les émissaires, les petites mains qui tricotent et détricotent la diplomatie pour peu qu’on leur octroie le privilège de voyager à 9 000 mètres d’altitude avec un chef d’État ou aux côtés d’un ministre. Le graal en quelque sorte pour ces syndicalistes de la première heure qui finissent par décrocher leur bâton de maréchal car ils disposent d’une certaine expertise ou car ils sont représentatifs de tel ou tel secteur d’activité. Deux accords viennent ainsi d’être signés (voir ci-dessous) “dans la perspective d’une meilleure intégration du Maroc aux mécanismes régissant le marché européen de fruits et légumes”. Pour parapher le document les ministres français et marocains de l’Agriculture, des responsables de l’exportation marocaine, la directrice de FranceAgriMer et celui qui, avant de devenir président d’Interfel, occupa des fonctions nationales pour la défense des productions fruitières. Celui-là ne sera ni le premier, ni le dernier à avoir franchi le rubicond des consciences. Cette frontière que certains acceptent d’abolir pour exécuter une mission totalement incompatible avec les convictions qu’ils défendaient auparavant.
Rien de nouveau sous le soleil puisque, déjà en 1996, nous avions du dénoncer l’attitude de Luc Guyau quand, en tant que président du Copa-Cogeca (Syndicalisme agricole européen) et tout en gardant sa casquette de président de la FNSEA, il avait demandé à ce que l’on poursuive en justice les producteurs français ayant déversé des marchandises espagnoles à la frontière. Voilà pourquoi il faut se méfier de ces petites musiques qui endorment le chaland en lui faisant croire que les importateurs rendent service aux producteurs locaux car ils attirent les acheteurs. Idem en ce qui concerne les accords bilatéraux signés en catimini à l’étranger avec la bénédiction et la contribution de ce qui furent, au moins sur le papier, des syndicalistes agricoles français.

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