CIVR : Banyuls veut prendre la porte [par Yann Kerveno]
Mardi après-midi, l’assemblée générale du Cru Banyuls avait inscrit à son ordre du jour, entre autres sujets, la sortie de l’appellation de l’interprofession. Son président, Romuald Peronne, évoque une année de transition.
“Ce qui nous a guidés depuis trois ans, c’est bien de redonner du pouvoir à notre organisme de gestion, que nous soyons, nous, vignerons, maîtres de notre destin” résume Romuald Peronne, président du cru, en rappelant que quatre ou cinq ans en arrière, les projets portaient plutôt sur une fusion au sein d’Union Roussillon. “Ce qui a gagné aujourd’hui, c’est le collectif, la marque Vignerons sur Mer, les événements que nous avons organisés depuis trois ans, les Caminades, les anniversaires des appellations, ont permis de fédérer les vignerons et de leur donner des raisons de croire dans le cru.” Après ces trois années d’observation, l’heure est à la transition, puis au déploiement du plan de relance (lire encadré) qui doit façonner le vignoble pour les décennies à venir.
Trois pôles
“Nous allons structurer le cru autour de trois pôles, la technique, qui sera assurée par le GDA ; le syndicat et la communication, nous allons recruter quelqu’un pour cette tâche et soulager un peu les épaules de ceux qui sont engagés et ont beaucoup travaillé ces derniers mois.” Avec dans l’idée de faire venir sur le cru les journalistes spécialisés, les dégustateurs…
“Je crois que nos vins ne se dégustent pas comme ceux du Roussillon, ce n’est pas un jugement de qualité, c’est juste qu’ils sont différents et que cela n’a pas vraiment de sens de tout déguster en même temps” explique-t-il. De quoi alimenter d’un autre côté la réflexion autour de la participation du cru au CIVR. “En premier lieu, aujourd’hui, je crois que le CIVR ne correspond pas aux enjeux des organismes de gestion et à ceux de la défense des signes de qualité. En second lieu, si nous récupérons 120 000 ou 150 000 euros de cotisations à gérer directement, nous pourrons faire des choses plus importantes, différentes. Avec le CIVR, nous n’avons pas ce retour sur investissement” explique Romuald Peronne.
“Faire autrement”
Pour autant, le président du cru se défend de toute volonté de casser l’interprofession… “Je n’ai pas de problème avec le CIVR, je lui reproche juste de ne pas miser assez sur les signes de qualité et nous voulons maintenant que les axes de communication soient décidés directement par les vignerons, ceux qui cotisent, et en fonction de leurs besoins. Nous choisirons les marchés sur lesquels nous voulons aller, si c’est du local, ce sera du local ; si c’est de l’export, ce sera de l’export. Et nous avons l’ambition de montrer qu’il est possible de faire autrement que le CIVR.”
Si les volumes en question sont relativement limités, une grosse vingtaine de milliers d’hectolitres, la sortie sera scrutée de près par d’autres ODG du département aux envies similaires. La tentation existe du côté des Côtes catalanes et la question a été posée tout récemment lors de la dernière assemblée générale des Côtes du Roussillon.
120 000 eurosLe Cru Banyuls s’est vu attribuer par la Région, lors de la commission plénière du 12 octobre dernier, une subvention de 120 000 euros pour mettre en œuvre son plan de relance. Les financements permettront en particulier de mettre en place l’Unité de gestion de projet chargée de déployer le plan, la réalisation d’une cartographie du potentiel du vignoble de la Côte Vermeille… |