Aude : le syndicat des vignerons remet la pression

Les Ormes de Cambras et Cambras, des libellés très proches pour des produits d’origine différentes et à la clé la possible confusion pour le consommateur, selon le syndicat des vignerons.

La découverte dans les rayons narbonnais de vins espagnols présentés dans des emballages pouvant conduire à la confusion réveille la vigilance du syndicat des vignerons.

Il y a eu les inondations dans l’Aude en octobre et un monceau de choses urgentes à gérer. Urgences qui ont fait passer les dossiers habituels au second plan. Pour autant, le syndicat des vignerons n’a pas cessé de surveiller les rayons des grandes surfaces en routine, pour y détecter, il y a quelques jours, des vins espagnols vendus sous un packaging des plus trompeurs. On se souvient deux ans en arrière des dernières manifestations au Boulou et l’interception de camions espagnols pour protester contre l’entrée en masse de vin sur le territoire français. Rien n’aurait donc changé ? “Si nous trouvons ce genre de produits ici à Narbonne, on ne veut pas imaginer comment c’est dans les autres régions de France” signale le président du syndicat.
En cause, devant lui sur la table, deux cubis et deux bouteilles, au look proche et aux noms qui se ressemblent, les Ormes de Cambras et Cambras, deux produits de Castel avec des vins bien différents. “Mais ils ne sont pas les seuls, tous le font” ajoute-t-il, regrettant que le consommateur puisse ainsi être trompé. “Nous avons travaillé très dur ces dernières décennies pour construire une image qui soit reconnue par le consommateur et aujourd’hui, nous ne voulons pas qu’elle serve à vendre le vin des autres !” C’est là que manque le dispositif règlementaire appelé par la profession pas ses vœux, en 2017, pour clarifier l’offre aux yeux des consommateurs et limiter ces pratiques de packaging pouvant induire en erreur quant à l’origine de produits. L’amendement porté par le député Alain Péréa, a bien été adopté par l’Assemblée nationale et le Sénat, mais il a été retiré par le gouvernement en raison de sa non-conformité avec les dispositions européennes.

Grosse récolte
“Nous allons voir avec le nouveau ministre de l’Agriculture comment nous pouvons faire de nouveau avancer ce dossier” précisait Frédéric Rouanet. De même, la plainte déposée en 2017 par pays d’Oc contre ces pratiques, semble, selon le président du syndicat audois, “avoir été classée sans suite.” Le contexte est particulièrement favorable. “Nous sommes, en plus, dans une année test avec une récolte normale pour les trois grands pays producteurs, l’Italie a fait 50 millions d’hectos, l’Espagne 48 millions et la France 47,5 millions…” Avec en conséquence des prix en chute libre, le rouge générique se trouve à 30 € l’hecto en Espagne depuis plusieurs semaines. “Comment ne pouvons-nous pas mettre en place une régulation en Europe” s’interroge le syndicaliste ? “Les ministres des trois grands pays producteurs, l’Italie, l’Espagne et la France se rencontrent régulièrement pour faire le point sur le dossier vin, comment ne pourrions-nous pas avancer ensemble, avec les mêmes règles pour tout le monde pour aller sur le marché mondial plutôt que de se faire concurrence ?” Et Frédéric Rouanet de mettre le négoce en garde. “Nous devons avoir une réunion début avril avec le préfet et les services de l’État pour refaire le point sur ce dossier et, s’il le faut, nous reprendrons les actions comme nous l’avons déjà fait.”

Yann Kerveno

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