Chasseurs de grand gibier : indispensables et trop souvent décriés

L’Association départementale des chasseurs de grand gibier des Pyrénées Orientales (ADCGG-PO) tenait la semaine dernière son assemblée générale à Perpignan, au siège de la Fédération départementale des chasseurs (FDC66). L’occasion de faire un point avec son président, Philippe Da Silva, sur la stigmatisation de l’activité cynégétique alors que les sangliers prolifèrent en plaine…

Accompagné de Delphine Ortega, présidente de “Chasse au natur’elles”, adepte de chasse à l’approche, et de Jean-Pierre Sanson, président régional et départemental de la FDC, Philippe Da Silva a également abordé le bilan des actions menées. Tout comme le très attendu accompagnement financier de l’État, pour épauler les fédérations de chasse sur les indemnisations liées aux dégâts sur les cultures. Car avec plus de 1 200 sangliers prélevés l’an dernier sur la plaine des P.-O., un cheptel qui ne cesse de croître et un nombre de chasseurs qui reste stable, la situation risque, à court terme, de devenir très critique. “De toute façon, si l’État ne le fait pas ou s’il le fait mal, dans les cinq années à venir, il va y avoir obligatoirement un grand bouleversement ! Peut-être même un arrêt de la chasse, tout simplement de la part des chasseurs eux-mêmes qui y mettront un terme volontairement, en disant « maintenant ça suffit on ne peut plus continuer ainsi ! ». Je l’ai déjà entendu !” avance froidement le président Philippe Da Silva, qui use de la métaphore pour souligner le caractère urgent.

“L’indemnisation aux dégâts, c’est comme une grosse tarte aux pommes, si vous êtes une centaine à y manger, la part que vous allez payer est petite, mais si vous n’êtes plus qu’une dizaine, certains ne pourront plus la payer du tout !” Problèmes économiques évoqués, mais aussi d’ordre relationnel, qui excèdent de plus en plus les chasseurs avec une catégorie de population qui n’affectionne pas le monde de la chasse. “On ne cesse de nous accuser de tous les maux, on nous insulte, on nous cloue au pilori en nous désignant d’assassins en puissance car nous sommes porteurs de fusils, etc. ! Nous subissons des attaques insidieuses au sein même de l’Assemblée nationale par ces mêmes gens, qui ne supportent pas non plus les agriculteurs ou les transporteurs et qui ont fait voter l’interdiction de récupérer les chiens de chasse de meute à l’aide de colliers de détection !” rajoute avec fermeté ce représentant des chasseurs de grand gibier. Tout en mettant en garde sur cette mesure restrictive qu’il juge dénuée de sens : “Si demain on nous impose cette interdiction, il n’y aura plus de chasseurs de sangliers en battue dans les Pyrénées-Orientales, mais aussi ailleurs !”

“Nous sommes là pour préserver les intérêts de tous, y compris de ceux qui ne nous aiment pas !”

Si les friches agricoles favorisent le gîte de ces mammifères, le comportement inconscient de certains résidents vivant dans de nouveaux lotissements en périphérie des bourgs, exaspèrent aussi les chasseurs. “Vous avez deux cas de figure, les habitants excédés qui voient des sangliers retourner leurs pelouses, défoncer les margelles de leur piscine pour dévorer les limaces et les escargots, et d’autres, heureux de les voir et qui les nourrissent pour les inciter à revenir !” constate, avec désolation, Philippe Da Silva qui officie également comme lieutenant de louvèterie en montagne. “Ces personnes ne mesurent pas la portée de leurs gestes sur la prolifération de l’espèce, et n’ont pas conscience qu’un sanglier peut mordre, qu’il peut provoquer des blessures graves, s’attaquer à un petit chien d’agrément, ou causer des collisions routières !”

Malgré toutes les mesures de chasses autorisées et les efforts déployés, la régulation de cette espèce semble, à ce jour, difficilement maîtrisable sur la plaine. Fléau qui n’est pas le cas en montagne où la faible densité des habitations facilite cette régulation de sangliers. Toutefois, même si la concurrence d’unités fourragères sur les prairies d’altitude entre les cerfs et les bovins joue en faveur de ces derniers, les chasseurs veillent à l’ensemble des bons équilibres. Mouflons, isards, chevreuils, daims, cerfs, etc., chaque année le nombre des bracelets attribués par le plan de chasse est en augmentation suivant leur prolifération. Des gestions souvent méconnues ou décriées, indispensables à la survie de toutes les espèces. “Nous connaissons la densité d’animaux économiquement ou écologiquement supportable sur les territoires. Mais, si elle venait à être doublée, il n’y aurait plus de moutons, il n’y aurait plus de vaches, ensuite des maladies risqueraient de se répandre et, au final, il ne resterait plus rien pour personne ! Cette gestion est fondamentale et nous sommes là pour préserver les intérêts de tous, y compris de ceux qui ne nous aiment pas !”

Des limites fixées par les comptages annuels, qui font apparaître pour 2023 une augmentation significative des grands animaux en Cerdagne et Capcir. Une abondance de gibiers qui a permis au fil des années la mise en place d’une filière de venaison catalane avec les chevillards Bernard et Stéphane Guasch. Cette initiative précursive a permis d’exporter et non plus d’importer vers Rungis près de 500 carcasses durant la saison. Une fierté pour les précurseurs du projet que la Fédération nationale de chasse souhaite également développer sur d’autres territoires. 

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