Campagne de merde ! [par Jean-Paul Pelras]

Castex qui tracte pour Macron dans les rues du Raincy, en Seine Saint Denis, alors que le président sortant refuse le débat et envoie ses ministres le représenter dans les meetings. Meetings où le parti du président sortant offre des lots pour inciter les adhérents à inviter un maximum de participants (voir ci-dessous). Vision apocalyptique d’une France qui aura du mal à descendre plus bas.

Émissions télévisées où le temps de parole est attribué selon un algorithme défini par l’Arcom (ex CSA) à géométrie variable qui tenait compte, du moins jusqu’au 28 mars, non plus de la légitimité du candidat ayant pourtant obtenu les parrainages, mais d’un certain nombre de critères : un tiers du temps pour l’exécutif et deux tiers restants pour les partis politiques, y compris celui de la majorité présidentielle. Arrive ensuite la “représentativité” de chacun estimée en fonction des résultats de 2017 et des sondages en cours. Là encore, pouvait-on tomber plus bas dans le sectarisme et les arrangements de petits boutiquiers pour écarter ceux qui, selon ce mode de calcul, ne valent rien au profit de ceux qui le valent bien ?

Arrive ensuite le rôle des journalistes, analystes et autres animateurs qui chronomètrent, attribuent la parole, posent les questions, interrompent en permanence leurs interlocuteurs en fonction de leurs convictions personnelles, de leurs idées fixes et de l’endroit où ils veulent emmener celle ou celui qui doit s’estimer heureux d’avoir été invité. C’est donner beaucoup d’importance à ces roitelets de l’audiovisuel qui font la pluie et (plus rarement) le beau temps de ces élections, en imposant leurs calibrages et parfois même leurs opinions.

Infantilisation de l’électorat

Évoquons également les “avantages collatéraux” quand, par exemple, jeudi dernier sur France 2, dans l’émission présentée par l’incontournable Léa Salamé, épaulée par Anne Sophie Lapix et autre Nathalie Saint Cricq, expertes en psychanalyse politique, nous voyons arriver l’écologiste Sandrine Rousseau. Laquelle après avoir lancé, entre autres inepties, son “délit de non partage des tâches ménagères” a pu débattre avec Fabien Roussel pendant plus d’une demi-heure. Et ce, alors qu’en coulisse Lassalle et Arthaud, pourtant candidats (contrairement à Rousseau), attendaient leur tour pour se contenter d’une diffusion très tardive de quelques minutes chacun. Ou comment les écologistes ont pu, en prime time, caser leur nouvelle égérie très controversée dans une émission organisée par le service public avec des présentatrices payées par la redevance du contribuable français.
Rajoutons à cela le choix des sujets, avec Pécresse confrontée au jeu du oui et du non pour une question sur la chasse à courre qui, à défaut de passionner le citoyen, le prive des questions essentielles qui impactent notre quotidien.

Sans oublier, omniprésente, la crise ukrainienne pour laquelle chacun attend des réponses qui n’existent pas. Car, au-delà des extrapolations, personne ne veut toucher à la hache, chacun préférant les circonvolutions du débat aux répercutions irréversibles du combat.

En résumé, ce sont les médias qui font la campagne. Une campagne de merde dont se détournent bon nombre de Français, car écœurés par les manœuvres politiciennes de la majorité présidentielle, la capture du débat et l’infantilisation de l’électorat. Ces Français qui, comme le disait la semaine dernière Jean Lassalle à une journaliste de France 3, ne font plus confiance aux médias !

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