Ça va mieux en le disant #2/2023

Le plastique c’est fantastique. Les producteurs de fruits et de légumes croyaient avoir partie gagnée quand, à quelques encablures de Noël le cadeau est venu de l’abrogation d’un décret longuement combattu par le Conseil d’État. Ce décret précisait le calendrier d’interdiction des emballages plastiques pour le conditionnement des fruits et légumes. « On s’était dit qu’on allait pouvoir rediscuter avec le ministère de la Transition écologique pour trouver des solutions et élaborer un calendrier cohérent » explique un responsable de la filière, « mais ils ont dû être vexés de la décision du Conseil d’État et ont pris quelques jours après, pour faire chier sûrement, un nouveau décret… » Décret qui doit encore être validé par l’Union européenne. Et c’est là que les affaires se corsent. « L’Union doit discuter de cette question des emballages très prochainement et en théorie, lorsque l’Union s’empare d’un sujet, les pays membres n’ont pas à légiférer. Mais nous savons que le plastique c’est un des totems de Macron, le ministère ne lâchera probablement rien là-dessus en dépit de l’Europe. »

Pervers. Un opérateur français des fruits et légumes avait par ailleurs trouvé une solution pour l’emballage des radis, un petit sachet en papier kraft, qui répondait aux demandes très spécifiques des produits humides. « Résultat ? 40 % de ventes en moins immédiatement, parce que le consommateur ne voit plus le produit. Il n’en a pas fallu plus pour que le produit soir déréférencé » explique encore ce responsable. Et que les enseignes se tournent vers l’importation de radis en sachets plastique. Vous avez dit sécurité alimentaire ?

Eau. Puisqu’on en est là, inutile de rappeler que le département des Pyrénées-Orientales est sous la menace de sa vieille épée de Damoclès, l’eau. L’État n’a pas l’air de bouger ni d’avoir envie de bouger pour interjeter appel de la décision du tribunal administratif de Montpellier qui change et durcit les règles de gestion des étiages de la Têt. Le monde agricole espère ainsi maintenant une mobilisation du territoire puisque si l’agriculture sera la première victime de futures restrictions, d’autres secteurs pourraient être impactés. « Il y aura des problèmes sur les nappes phréatiques bien sûr, mais cela peut aller loin, la Shem pourrait être obligée de turbiner pour les petits poissons sans connexion avec les besoins en électricité, c’est absurde » souligne un connaisseur du dossier.

Rebelote. Après le Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL) qui après avoir perdu Minervois pourrait se voir délaissé de Fitou et des Ciorbières, sera-ce le tour du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon (CIVR) de connaître une hémorragie de ses membres ? S’il y a longtemps que la grogne est réelle, l’année 2023 pourrait être celle des décisions que pourraient prendre certaines appellations après étude des coûts et bénéfices de l’appartenance au CIVR…

Yann Kerveno

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *