Ça va mieux en le disant [par Yann Kerveno]

De qui se moque-t-on ?

Nos confrères de La Dépêche du Midi sont venus (?) enquêter sur le dossier de l’eau dans les Pyrénées-Orientales. Force est de constater qu’ils ont fait aussi fort que quelques confrères probablement parisiens. Le papier (du 08-01) commence par évoquer les “nombreux méandres” de la Têt qui, en toute honnêteté, ne se voyait pas aussi lascive que peuvent l’être le Lot, la Dordogne ou le Tarn. Mais soit. Notre consœur poursuit son récit et donne la parole à Claude Jorda qui appréciera sans nul doute que soit ainsi stigmatisé son accent lorsqu’il est cité à propos “des estrangers qui ne connaissent pas notre fleuve.” De la belle ouvrage non ? Pour un papier qui expédie ce dossier ô combien sensible en 2 500 signes à raison d’une phrase par intervenant, ou presque.

Ça va finir par se voir

Dans un rapport fort de 417 pages, le ministère de la Transition écologique se penche sur la protection de la biodiversité, mesures à mettre en œuvre et financement en particulier. Au détour de la proposition n° 7, on découvre ainsi cette remarque pleine de sincérité à propos de la redevance pour les pollutions diffuses : “Cette taxe repose sur les ventes réalisées par les distributeurs de produits phytosanitaires. Or, en raison notamment de l’interdiction d’une partie des substances taxées, les rendements de la taxe devraient diminuer dans les prochaines années.” Voilà qui reconnaît finalement quelques progrès, fussent-ils obtenus par des interdictions. Mais, c’est un principe bien connu en France, quand la source d’une taxe s’épuise, on va vite creuser un nouveau puits à côté. On lit donc juste après : “Ainsi, l’assiette de la redevance pourrait être élargie à de nouvelles substances dommageables à la biodiversité répertoriées au niveau européen dont les usages pourraient augmenter par substitution aux substances déjà interdites. Cette réforme permettrait également de maintenir le rendement de la taxe (97 M €).” Interdire les substances taxées puis taxer celles amenées à les remplacer, il fallait y penser…

Par ailleurs, la proposition va plus loin et avance l’idée suivante : “le principe pollueur-payeur pourrait être renforcé par la mise en place d’une taxe sur les engrais azotés, à l’image des redevances pour pollutions diffuses, comme l’envisage la loi climat et résilience de 2021. Cette taxe permettrait de disposer d’une fiscalité sur l’ensemble des pollutions azotées et pas seulement sur l’azote organique (à travers la redevance sur les élevages). Cette proposition, qui créerait une nouvelle taxe, avec un rendement potentiel de 60 M € par an, affectée aux agences de l’eau, ne pourra se concrétiser que si les objectifs en matière de réduction des usages ne sont pas atteints d’ici 2023.” Banco ! Taxer les agriculteurs pour fournir des financements aux Agences de l’eau qui leur font la guerre par ailleurs. Diabolique.

https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/014389-01_rapport-publie_cle512226.pdf

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *