Les « gros mots » de Jean-Paul Pelras : Le climat

C’est un peu comme si l’on nous servait le même plat matin, midi et soir, 365 jours par an. Le climat est devenu notre chagrin quotidien, celui dont nous sommes responsables qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, que la température (ressentie bien entendue) soit glaciale ou que la canicule nous fasse redouter les pires heures de notre destin. Et malheur à celui qui ose contredire les statistiques et les prophéties de ceux qui officient derrière les écrans de notre sainte mère cathodique, ils seront, in petto, qualifiés d’hérétiques, autrement dit de climatosceptiques. Surtout ne pas aller chercher dans notre mémoire l’année où, voilà environ trois décennies, nous nous sommes baignés en février, celle où il a neigé un premier mai, celle où tout le monde au village avait ressorti l’anorak pour le défilé du 14 juillet.

Et puis, il y a ce quotidien où, même quand nous essayons d’échapper aux malédictions météorologiques, nous n’y parvenons pas. Ce quotidien qui nous rappelle que, quand une tornade balaye un territoire étasunien, quand une falaise s’effrite en Normandie, quand il fait chaud en Afrique ou quand il fait froid en Sibérie, quand la mer avance ici, quand elle recule là, quand un insecte disparaît, quand un autre apparaît, quand il faut ressortir la doudoune, quand il faut la tomber, nous devons culpabiliser. Culpabiliser car nous sommes responsables des émissions de GES, comprenez gaz à effet de serre. Oui nous sommes « responsables » pendant une bonne demi-heure et pour la quasi-totalité des reportages diffusés lors des journaux télévisés du « réchauffement ».

Pour nous convaincre et nous pousser à la contrition, quelques artistes de variété exilés outre-Atlantique qui passent leurs vies dans des aéroplanes, quelques présentateurs délégués à l’infantilisation de notre société, quelques politiciens environnementalistes officiant depuis leurs bureaux climatisés. Et puis, juste avant le navet qui nous contraint tôt ou tard à nous abonner à « la plateforme où il faut payer », arrive la pub avec, là encore, les égéries du consumérisme qui 5 minutes auparavant troquaient leur yacht et leurs jets privés contre le pull qui gratte pour nous apprendre à moins consommer. Toutes ces personnalités dont on vante la générosité parce quelles lutent pour le climat et, au passage, en profitent pour défiscaliser. 

Car le climat, mesdames, messieurs, est devenu une marchandise écologique, politique, sociologique, médiatique. Il n’y a, pour s’en convaincre, qu’à comptabiliser autour de nous le nombre de personnes, pour la plupart rémunérées avec nos impôts, qui travaillent au sein d’organismes, souvent « nouvellets », dédiés à la défense de l’environnement.  Avec, comme terrain de jeu favori, l’agriculture où chacun y va de son petit couplet, de la vache qui pète à la haie qu’il ne faut surtout pas tailler, pour critiquer l’outil sans jamais l’avoir utilisé. Quand il faut établir quelques différences entre celui qui vit de l’intempérie car il est payé pour en parler et celui qui la subit en comparaissant, de surcroît, au banc des accusés. Plus facile en effet de contrôler le paysan français que d’aller poser son hélicoptère de vedette préposée au sauvetage de la planète, en Inde, en Chine, au Kremlin ou en Corée. A moins que, bien sûr pour ne pas polluer, d’ici quelques jours au festival de Cannes ou à partir du 26 juillet à l’heure des Jeux Olympiques, tout ce beau monde décide, pour donner l’exemple et expier ses excès, de ne pas se déplacer !

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