Avui et aqui ?
Les dépêches tombent, se succédant et balayant les précédentes comme les feuilles d’automne avant de s’envoler en mini tourbillons : il se passerait des choses en pays catalan ! Déjà sur place pour un second tour des municipales aux allures de référendum, les chaînes télé, les radios et divers autres médias ont braqué leurs projecteurs et leurs micros sur un autre coin de ce petit territoire, niché au pied du Canigou.
Peu importe, finalement, qu’aucun des deux hommes faisant ainsi l’objet des feux de l’actualité, ne soit véritablement originaire “d’aqui”, c’est leur implantation politique locale qui est mise en exergue, le second prenant d’ailleurs appui sur l’élection du premier pour justifier son ralliement à la cause jupitérienne. Alors, en vrac, on a pu voir sur les chaînes nationales, le Castillet, le petit train jaune, le Canigou et les remparts de Villefranche de Conflent… La nouvelle feuille de route du quinquennat qui prend le dessus sur la sortie de route de la capitale du Roussillon.
Alors qu’attendre de ce nouveau Premier ministre qui parle catalan avec l’accent du Gers ? Qu’attendre de ce technocrate, de haut niveau sans conteste, à l’image soigneusement entretenue d’homme de terrain et de terroir ? Ici, les opinions sont partagées mais dans le fond, chacun est flatté : le doigt de Jupiter a pointé quelqu’un du bout du bout de la France, dans cette petite sous-préfecture catalane de Prades, pour en faire son premier homme lige. Jusqu’alors méconnu, même parmi les siens, considéré comme simple édile villageois par la presse locale, on le découvre faisant partie de cette petite caste élitiste des techniciens de l’ombre au service des hommes d’État, passant de la santé, à la cohésion sociale, aux jeux olympiques puis au déconfinement pour devenir finalement celui qui devrait assumer la seconde vague de la pandémie à la rentrée ?
Les hauts cantons vus de Paris ?
Alors, c’est vrai, même en considérant son origine gersoise, il est le premier Premier ministre de la Ve République issu de cette région d’Occitanie. De l’autre côté des Pyrénées, on a accueilli sa désignation comme un espoir pour la Catalogne et on attend de lui – pour le moins – qu’il soit le porte parole du peuple catalan. Dans les Pyrénées-Orientales, dont il est un élu, on en attend pêle-mêle, le tronçon manquant du TGV et le développement des activités économiques, et notamment du fret, qui en accompagnent le tracé, la reconnaissance des territoires des hauts cantons et la défense du monde rural, mais, en même temps, la préservation des espaces naturels, une dynamique écologique par l’éolien et le solaire, et le soutien à l’agriculture bio… Lui qui est présenté comme l’homme de la réconciliation des territoires, est très attendu par ceux de la Communauté de communes Conflent Canigo qu’il préside/présidait jusqu’alors…
Alors, on a beau savoir, on a beau se souvenir des quelques rudiments plus ou moins appris de Droit constitutionnel, on a beau se dire qu’il est devenu le Premier ministre de la France – et pas seulement de notre département – on se prend à espérer que quelques miettes des mannes de l’État retombent “aqui”, non détournées par Montpellier ou Toulouse, et permettent “avui” de redonner espoir à ses habitants. L’homme du déconfinement sera-t-il celui du désenclavement des Pyrénées-Orientales ?