Appel à la mobilisation le 31 janvier : le monde agricole en a assez ! L’État doit réagir de toute urgence

À l’heure où se pose la question de la souveraineté alimentaire, le monde agricole interpelle : “France, veux-tu encore de tes Paysans ?”.

Hausse des coûts de production, nouvelles règlementations draconiennes, problème d’accès à l’eau, manque de main d’œuvre et déconsidération… La colère gronde chez les agriculteurs qui ne veulent pas être les dindons de la farce. L’État doit agir et soutenir son agriculture !

Le monde agricole en a assez
De graves menaces pèsent sur les agriculteurs et sur l’avenir de l’agriculture. Les sujets de mécontentements s’accumulent pour la profession agricole :
Des problématiques propres à la production alourdies par des règlementations toujours plus draconiennes et un manque de soutien de l’État et de l’administration :

• L’accès à l’eau avec l’État qui envisage de limiter les prélèvements en eau dans la Têt (projet de placement de la Têt en ZRE) qui aurait de lourdes conséquences sur l’irrigation et la viabilité des exploitations agricoles (des prélèvements en eau réduits, un prix plus élevé pour les usagers et une irrigation des cultures rendue beaucoup plus difficile). La volonté de l’administration, contre tous les acteurs du territoire, de classer l’aval de la Têt en déséquilibre avéré (zone de répartition des eaux : ZRE) entraverait gravement l’irrigation et pénaliserait lourdement l’agriculture locale, alors que deux barrages stockent plus de 35 millions de m3. De plus, l’opposition des administrations (DREAL et Agence de l’Eau) au développement du territoire fait abstraction de toute activité humaine et dénigre la réalité du terrain et les producteurs. Il est urgent d’abandonner la proposition de placer la Têt en ZRE et que les agriculteurs obtiennent l’appui sans réserve de l’État et de la DDTM dans la défense contre FNE sur les débits réservés de la Têt.
Donnez-nous le droit d’arroser nos cultures pour nourrir la population ! Sans eau, nous ne pourrons pas nous adapter au changement climatique et reconquérir notre souveraineté alimentaire.

• Le renforcement de la règlementation encadrant les zones de non traitement (ZNT) contribue à condamner le parcellaire agricole à se réduire comme peau de chagrin. Ces nouveaux arbitrages, annoncés par le gouvernement le 20 décembre 2021, se traduisent par une complexité qui, au final, pèsera, une nouvelle fois, sur les seuls agriculteurs lors de la mise en œuvre des traitements. Les agriculteurs attendent des compensations ! De plus, nous pointons une distorsion au sein même de l’Union européenne. Dans un marché unique, il faut des règles uniques !

• Le retrait progressif d’un grand nombre de produits phytosanitaires pour lesquels il n’y a pas de solutions de substitution proposées aux agriculteurs. La question se pose de savoir comment continuer à produire dans ces conditions et quelle attitude avoir concernant les produits d’importation pour lesquels nous n’avons pas de certitude que la règlementation française soit appliquée. Ce phénomène constitue ainsi une concurrence déloyale pour les producteurs français. En effet, pour la cerise par exemple, le produit de traitement contre la mouche n’étant plus homologué, les producteurs ne peuvent plus produire de cerises car ils n’ont plus aucun produit de substitution efficace pour lutter contre l’invasion de la mouche. Et parallèlement, on continue à recevoir des importations importantes de Turquie, dont on sait que la règlementation n’est pas appliquée.

• Le désengagement de l’État sur la prospection de la Sharka fragilise toute la filière arboricole. Le soutien de l’État et sa supervision sont nécessaires pour lutter correctement. Sans le soutien financier de l’État dans la lutte contre le virus de la Sharka, qui passe par la prospection fine des vergers de production de fruits à noyau (pêche, abricot), c’est toute le filière Prunus qui est mise à mal et qui menace de disparaître dans le département. Il faut maintenir et une aide à la prospection et une indemnisation pour l’éradication des vergers contaminés pour assurer la survie de cette filière.

• Des mises en œuvre drastiques de règlementations toujours plus contraignantes pour les producteurs accentuent les difficultés à produire une agriculture raisonnée en cohérence avec la réalité du terrain. Le phénomène est d’autant plus inquiétant qu’aujourd’hui même la filière bio se retrouve en danger face à cette accumulation de règlementations et de contraintes.
Ne prenons pas le risque d’entraîner les producteurs vers des déconversions importantes. Afficher des produits bio au prix du conventionnel est un message à la fois erroné et contreproductif envoyé aux consommateurs, qui ne permettra pas le développement de l’agriculture biologique qui doit se poursuivre, mais pas à n’importe quel prix et surtout pas au détriment des prix payés aux agriculteurs. Nous défendons une approche économique de l’agriculture biologique, avec une juste rémunération des agriculteurs.

Hausse des charges :

• Les agriculteurs subissent de plein fouet la hausse sans précédent de leurs charges (carburants, engrais, alimentation pour le bétail, électricité, gaz, main d’œuvre…). La situation est de plus en plus tendue. Les agriculteurs sont à bout ! Cette situation n’est pas tenable à long terme. Il est nécessaire de contenir les charges des exploitations agricoles. Ce n’est ni aux consommateurs de subir la hausse des prix, ni aux agriculteurs de perdre leur revenu. La grande distribution doit réduire ses marges. Nous alertons les pouvoirs publics quant à l’application de la loi EGalim. L’État doit également se pencher sur le prix des matières premières en régulant les tarifs ou en baissant les taxes qui pèsent sur les intrants. Des aides spécifiques dans le plan de relance aux entreprises touchées par cette hausse des charges doivent également être mises en place.

• Le passage du plastique au carton, sans concertation, avec la loi AGEC entraîne également de gros investissements pour les producteurs de fruits et légumes (nouvelles machines, surcoût des emballages, dépréciation du matériel inutilisable…). De plus, la visibilité moindre induite par les emballages carton pour identifier les produits entraîne la crainte d’une chute des ventes pour les producteurs. Une règlementation applicable sur l’Hexagone qui inquiète également la profession quant aux effets de distorsion de concurrence sur le marché européen.

• L’exonération des charges patronales pour l’emploi de travailleurs saisonniers (TO-DE) doit prendre fin le 1er janvier 2023. C’est une épée de Damoclès qui pèse sur la tête des agriculteurs employeurs de main d’œuvre déjà en peine pour trouver du personnel. Il est impératif d’apporter davantage de visibilité à ces employeurs agricoles. L’exonération de charges patronales doit être pérennisée pour l’emploi de travailleurs occasionnels agricoles. Ce dispositif est essentiel pour soutenir la compétitivité et l’emploi agricole mis à mal par une concurrence exacerbée sur le coût du travail.

Assez de cette déconsidération pour l’agriculture et pour les agriculteurs qui nourrissent le pays.

Sans une réaction de l’État de toute urgence, c’est la mort de nos campagnes et de nos agriculteurs ! Aucun secteur de l’économie ne supporterait ce que subissent aujourd’hui les agriculteurs. L’État doit nous entendre et trouver des solutions pour les agriculteurs, mais aussi pour l’ensemble des entreprises qui génèrent de la production, de l’activité économique et de l’emploi dans notre pays ! Les agriculteurs du département sont désespérés et comptent bien faire entendre leur voix.
Pour cette raison JA 66, la FDSEA 66 et le syndicat des Vignerons des Pyrénées-Orientales, lancent un appel à la mobilisation ce lundi 31 janvier 2022 à 11 h 00 à la DDTM, dans la continuité d’un mouvement syndical national.

Il s’agit d’une action emblématique et vitale pour exprimer le désarroi que ressentent les agriculteurs au quotidien. Désespérés, ils comptent bien demander à la France si elle souhaite encore de ses paysans sur son territoire. Dialoguer avec vous, consommateurs, citoyens, est primordial pour nous. Dans le prolongement de nos actions syndicales le gouvernement doit nous entendre.
Ensemble, défendons notre agriculture !

Bruno Vila, président FDSEA 66
Pierre Pagnon, président JA 66
David Drilles, président Syndicat des Vignerons 66

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